La directrice des Travaux publics avait rendu publics les dessous d'un conflit de compétences qui l'oppose à la directrice de l'Economie publique, l'UDC Rita Fuhrer. Au cœur de la dispute, la nouvelle donne dans la politique des transports.
Le Conseil d'Etat, au début mars, a décidé de confier à l'UDC Rita Fuhrer la responsabilité stratégique pour tous les moyens de transports, tandis que Dorothee Fierz devait se contenter d'exécuter la construction des routes. La décision devait mettre fin à la mésentente chronique entre les deux femmes, alimentée par l'appétit croissant de Rita Fuhrer.
La magistrate est coutumière de cette tactique de guérilla. Elle l'avait déjà testée de manière impitoyable contre la municipale socialiste zurichoise Esther Maurer lors de la réorganisation des corps de police.
En organisant de manière maladroite des indiscrétions ciblées dans la presse zurichoise, Dorothee Fierz a perdu beaucoup de son crédit. Et a dû avaler un dernier camouflet. Le gouvernement, après avoir l'avoir désavouée, a ouvert une enquête pour violation du secret de fonction. Affaiblie, elle a été presque immédiatement lâchée par son parti.
La truite et les requins
Après l'avoir comparée à une truite nageant dans un bassin de requins, la présidente Doris Fiala lui a porté le coup de grâce dimanche dans la NZZ am Sonntag: «Il y a des moments où un politicien, pour soi, et pour la dignité de son mandat, doit envisager un retrait.»
La démission de Ruedi Jecker renforce-t-elle la pression sur sa collègue au gouvernement? Doris Fiala nie toute réflexion tactique derrière l'annonce de son retrait. «Cela n'a strictement rien à voir avec Mme Fierz», déclare-t-elle. Mais on voit mal Dorothee Fierz résister à son parti, alors qu'elle n'a pas supporté les attaques répétées de Rita Fuhrer.
Et Ruedi Jecker a de bonnes raisons de tirer sa révérence. Pour lui qui a fait plutôt pâle figure au gouvernement, la perspective de se retrouver seule locomotive pour les élections au printemps 2007 n'avait rien pour l'enchanter. Le bilan de ses huit ans au gouvernement est plutôt maigre. Il peut mettre à son actif le feu vert à la nouvelle ligne régionale ferroviaire de la Glatt.
Mais il s'est enfoncé dans une impasse avec la gestion de la crise de l'aéroport, et a dû contre son gré céder son département à Rita Fuhrer, toujours elle. A la tête du Département de la police, il est quand même arrivé à réparer les pots cassés avec la Ville de Zurich.
Trois sièges pour deux?
Le Parti radical devra donc faire face selon toute vraisemblance à une double vacance qui le fragilise encore plus envers l'UDC. Car le grand frère, première formation au parlement, loin devant les radicaux, va tout faire pour récupérer le second siège qu'il a perdu il y a une année. Sa dame de fer Rita Fuhrer, malgré quelques égratignures, ressort vainqueur de l'affrontement avec sa collègue radicale. Un retournement de situation inattendu pour l'UDC, qui il y a quelques mois encore partait à la traîne des radicaux.
Doris Fiala déclare certes filer l'amour parfait avec le nouveau président de l'UDC, Hansjörg Frei: «Nous sommes tous deux attristés des problèmes de nos conseillères d'Etat, car nous avons un seul but, que le canton ne tombe pas à gauche.»
Un but qui sera bien difficile à atteindre. Dans l'état où elles se trouvent actuellement, les deux formations peuvent déjà être contentes si elles arrivent à assurer trois sièges. Mais le nombre se divise mal par deux.