Pour Andrea Huber, le combat des droits humains continue
Votations fédérales
La fondatrice de Facteur de protection D, qui incarne la défense de droits de l'homme contre l'UDC, a d’autres projets au lendemain de la victoire

Certains la connaissaient avant, sous le nom d’Andra Borlo, comme chanteuse de jazz et de soul. Mais la campagne qui s’est achevée dimanche a fait de cette Lucernoise de 50 ans une figure de la politique suisse. Nul plus qu’elle n’est associé aussi personnellement au combat contre l’initiative de l’UDC sur l’autodétermination, en défense des droits humains.
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Nécessaire de défendre les droits de l’homme en Suisse? Andrea Huber en a toujours été convaincue: «Ceux-ci sont loin d’être gravés dans le marbre.» A ses yeux, la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) offre une protection aussi indispensable que la crème solaire, pour reprendre la comparaison qui a donné son nom à Facteur de protection D, l’association qu’elle a fondée contre l’initiative sur les «juges étrangers».
L’image du cheval de Troie
Née en 1968, d’un père suisse et d’une mère allemande, Andrea Huber a fait des études de sciences politiques, milité pour Amnesty International, travaillé comme enseignante, épousé un guitariste argentin et mis au monde une fille avant de se lancer dans la bataille.
Elle l’a souvent raconté: elle se trouve en Argentine lorsqu’elle entend presque par hasard une interview de Toni Brunner, le président d’alors de l’UDC, annonçant l’intention de s’en prendre à la CEDH. Avant même que l’initiative ne soit formellement lancée par le parti, elle organise l’opposition, à force d’énergie, de conviction et de contacts. On lui doit l’image du cheval de Troie pour évoquer la tonalité suave donnée par l’UDC à sa campagne. Près de 120 ONG ont participé à la sienne, dans le sillage de Facteur de protection D.
«Nos arguments étaient les plus concrets»
«Il y avait certes d’autres arguments que les droits de l’homme pour refuser cette initiative, admet-elle au soir de la victoire. Les milieux économiques ont mis en avant la menace qu’elle ferait courir sur la fiabilité des futurs engagements internationaux de la Suisse. Mais les nôtres étaient les plus concrets. Nous avons sensibilisé les Suisses à la nécessité de pouvoir défendre leurs droits jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme.»
Surtout, il y a lieu de poursuivre le travail. Les expériences et forces accumulées lors de cette campagne intégreront la plateforme Humanrights.ch. Andrea Huber contribuera activement à la constitution d’une agence de conseil mettant ses compétences au service des citoyens, des avocats et des médias. «Il y a encore tant à faire pour que les décisions des juges de Strasbourg soient mises en œuvre efficacement, et avant prescription, dans notre pays.»