Andrea Pilotti: «Je ne m’attends pas à des bouleversements dans la gestion des dossiers financiers au parlement»
Parlement
Andrea Pilotti, responsable de recherche à l’Institut d’études politiques de l’Unil, a décortiqué la composition du parlement pour savoir ce que les Suisses peuvent attendre de lui sur les questions économiques

L’automne dernier, le visage du gouvernement suisse s’est transformé. Les sièges du parlement sont désormais occupés par plus de femmes et plus de Verts. Une situation inédite qui soulève une question pour Andrea Pilotti, responsable de recherche et chargé de cours à l’Institut d’études politiques de l’Université de Lausanne: qu’attendre de cette nouvelle composition sur les dossiers économiques?
Mis en valeur et féminisé
«A ses débuts, le parlement suisse n’avait pas un rôle central dans le processus décisionnel, rappelle-t-il en introduction de sa prise de parole au Forum Horizon – organisé par Le Temps au campus Biotech de Genève, ce 28 janvier. Il est désormais un acteur incontournable du système politique suisse.» Sa place a été valorisée au début des années 1990 avec le projet de réforme qui a introduit le système de commissions permanentes et au cours des années 2000 avec l’amélioration des conditions matérielles des élus, l’établissement d’un salaire annuel et l’adoption de la nouvelle loi sur le parlement en 2002.
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Le profil du parlement suisse s’est également féminisé, passant de 29,3% de sièges occupés par des femmes en 2015 à 38,6% en 2019. «Nous vivons une avancée sans égale. Dans le contexte européen, nous avons aujourd’hui un des taux les plus élevés alors que nous étions dans les derniers du classement pendant longtemps», a déclaré Andrea Pilotti.
Les professions des parlementaires ont elles aussi été légèrement chamboulées lors de cette élection. Alors que les professionnels de la politique occupent 29,7% des sièges et les professionnels libéraux 25,2%, Andrea Pilotti note un recul des indépendants, «surtout parmi les chefs d’entreprise, qui sont 1,6% de moins en 2019 par rapport à 2015. Au Conseil des Etats, leur nombre a été divisé par deux.» A l’inverse, il pointe la montée au Conseil national des cadres d’association (+1,6% sur cette même période) et des enseignants (+4,1%).
Nuancer la vague verte
La dernière législature a été celle du changement, notamment celui lié à la composition partisane du parlement. Sur ce point, la perte de siège de l’UDC est significative. «C’est une situation inédite, souligne le membre de l’Observatoire des élites suisses. Ce parti n’avait pas connu de défaite électorale pendant trente ans. Il sera intéressant d’observer sa capacité à se relever.»
Autre point mentionné par Andrea Pilotti: la poussée sans précédent des Verts. «L’impact de la fameuse vague verte est à nuancer, indique-t-il. Il y aura certainement une transition écologique et une volonté de protéger l’environnement, mais je ne m’attends pas à des bouleversements en ce qui concerne la gestion des dossiers économiques et financiers de la Suisse. Il faudra porter une attention particulière aux actions menées par les Vert’libéraux sur ces éléments.»