Andreas Glarner, la relève de l’UDC radicale
Nouveaux visages au Palais fédéral
Le président de la commune d’Oberwil-Lieli en Argovie a fait parler de lui en s’opposant à l’accueil de huit réfugiés par sa commune

Andreas Glarner, 53 ans, annonce la couleur sans ambages: «Je suis à la droite de la droite. Au moins aussi à droite que Christoph Blocher.» Extrême droite? «Non. Lorsqu’on parle vrai, on n’est pas extrême. Je dis ce que je pense, on peut me faire confiance, avec moi il n’y a pas d’ambiguïté. On m’aime, ou on ne m’aime pas.»
L’UDC argovien doit son élection au Conseil national à cette absence de nuance. Il a fait parler de lui jusqu’à la télévision allemande pour son opposition radicale à l’accueil de réfugiés. Président de la commune d’Oberwil-Lieli, il aurait voulu s’acheter la possibilité de ne laisser aucun réfugié entrer sur son territoire, en faisant passer un crédit de 290 000 francs au budget communal. C’est la somme à payer pour l’amende prévue par le canton, en cas de refus d’une collectivité de participer à l’asile.
Le riche petit village devait accueillir huit requérants. Huit de trop aux yeux de l’UDC. «C’est un non-sens d’accepter des individus analphabètes qui ne pourront pas s’intégrer et finiront à l’aide sociale. Nous devons aider sur place, où un franc vaut vingt fois plus», dit-il. Alors le président de commune a fait détruire trois immeubles vides sur le terrain communal, car il craignait que le canton ne les réquisitionne pour y placer des requérants d’asile. «Maintenant, à la place, il y a des pâturages pour les vaches.»
Est-il allé trop loin? Pour une fois, les habitants n’ont pas suivi le chef du village. Suite à un mouvement d’indignation mené par une étudiante de 24 ans, les habitants d’Oberwil-Lieli ont refusé sa proposition lors d’une assemblée communale vendredi dernier. «C’est la démocratie!» réagit Andreas Glarner en haussant les épaules. En 2016, la petite commune d’Oberwil-Lieli devra donc accueillir huit réfugiés, envers et contre son président. Il faudra faire venir des containers.
Qu’importe, Andreas Glarner a déjà pu capitaliser sur la soudaine popularité que lui a apportée son combat. «C’était le bon thème, au bon moment», dit-il. Désormais, il siège au Conseil national, où il compte bien militer pour une restriction de l’asile et la surveillance des frontières. Sans oublier la sécurité et l’économie, sur une ligne ultra conservatrice.
Le jour de l’ouverture de la session, lundi, son père le couvait du regard dans les tribunes. «Il était ému et fier», affirme Andreas Glarner. Ce père fut pourtant membre du Parti socialiste, tout comme son grand-père avant lui. «C’était à l’époque où le PS était encore le parti des citoyens qui se lèvent tôt et vont travailler et pas un parti d’intellectuels et de riches», dit-il.
Andreas Glarner n’a rien contre la richesse. Lui-même est devenu millionnaire en créant trois entreprises. Mais il affirme que son parti représente la classe moyenne comme aucune autre formation. «Les indépendants, les travailleurs, ceux qui ne volent pas.» La ligne la plus dure de l’UDC est assurée de sa relève au parlement.