Après les auditions des candidats, les calculs politiques
élections au Conseil fédéral
Quatre des sept groupes parlementaires, dont le PLR et le PDC, ont auditionné les trois candidats UDC. Les socialistes ont annoncé qu’ils entendront les prétendants au Conseil fédéral à la veille de l’élection

Les grandes manœuvres pour la succession d’Eveline Widmer-Schlumpf au Conseil fédéral peuvent commencer. Les trois candidats de l’UDC ont été auditionnés mardi par quatre des sept groupes parlementaires. Les socialistes ont décidé d’entendre dans une semaine les trois prétendants alors que les Verts ont déjà indiqué ne vouloir écouter aucun d’eux. Le choix des partis ne se fera que dans une semaine, à la veille de l’élection. La grande question, désormais, est de savoir si la candidature du Vaudois Guy Parmelin, qui devient toujours plus dangereux pour le favori Thomas Aeschi, résistera encore une semaine aux opérations de déstabilisation.
La seule information inattendue de la grande journée d’audition des candidats est finalement venue du groupe socialiste, qui a décidé d’auditionner la semaine prochaine les trois candidats officiels de l’UDC, Thomas Aeschi, Guy Parmelin et Norman Gobbi. Le PS a d’ailleurs fait connaître ses exigences envers les prétendants au Conseil fédéral. Ainsi, un membre du gouvernement «doit reconnaître les droits humains et la CEDH, il doit estimer l’asile à sa juste valeur et aspirer à des relations constructives avec l’Europe». Ce seront les critères d’évaluation du groupe socialiste.
«Candidats éligibles»
De son côté, le PLR a confirmé qu’il ferait son choix parmi les trois personnes présentées officiellement par le groupe UDC. Elles sont toutes éligibles, selon le président du groupe, Ignazio Cassis.
Au PDC, le chef de file, Filippo Lombardi, a précisé qu’il y avait «des candidats éligibles» sur la liste officielle, laissant entendre que les parlementaires ne s’écarteront pas du ticket officiel dans leur choix.
Pour le PDC, le futur conseiller fédéral devra non seulement reconnaître le principe de la collégialité ou les droits fondamentaux, mais aussi les engagements internationaux de la Suisse. Donc la Convention européenne des droits de l’homme que l’UDC veut soumettre au droit national. Enfin, Martin Bäumle, président des Vert’libéraux, a lui aussi indiqué que son parti choisirait vraisemblablement parmi les trois candidats officiels.
Relations avec l’UE
Les questions posées aux candidats ont surtout porté sur leur proximité avec Christoph Blocher (Thomas Aeschi), l’adhésion récente à l’UDC (Norman Gobbi), les relations avec l’UE ou la mise en œuvre de l’article sur l’immigration de masse. Difficile de dire dans quelle mesure les trois candidats, qui ont fait part de leur expérience en politique fédérale ou comme membre d’un exécutif, auront convaincu leurs collègues.
Le candidat romand Guy Parmelin a gagné des points auprès du groupe PDC pour lequel il serait plutôt favori, selon certains élus. Plus d’indépendance par rapport à Christoph Blocher, davantage d’expérience des grands dossiers fédéraux, plus de souplesse. Du côté du PLR, en revanche, le Vaudois n’a vraisemblablement pas convaincu tout le monde. Ses faibles connaissances des langues et son manque de charisme ne sont pas passés inaperçus.
D’où la question de savoir si le Vaudois évitera les chausse-trapes qui ne manqueront pas de se retrouver sur sa trajectoire durant la dernière semaine.
Clause critiquée
Car, si les partis se sont donné huit jours pour désigner le candidat qu’ils soutiendront, c’est que les calculs politiques et les stratégies sont en train d’être élaborés. Elire un troisième Romand, par exemple, pourrait bloquer l’accès à un candidat latin lors d’une succession, probablement pas si éloignée, d’un conseiller fédéral alémanique, Doris Leuthard ou Johann Schneider-Ammann.
De plus, la gauche rose-verte n’a pas caché qu’elle ne ferait rien pour faciliter les choses à l’UDC. Elle entend bien influencer le choix du futur conseiller fédéral, tout en mettant la droite nationale dans l’embarras.
De son côté, le PDC a montré une certaine irritation contre la clause imposée par l’UDC, qui menace d’exclure du parti toute personne qui accepterait une élection sans être le candidat officiel. Une disposition qui contrevient à l’article 161 de la Constitution, lequel prévoit que «les membres de l’Assemblée fédérale votent sans instructions», a tenu à relever Filippo Lombardi. Le PDC n’en fera pas un casus belli cette fois, mais entend bien faire en sorte que ce type de disposition soit annulé pour de prochaines élections.