Maladresse ou infraction pénale? Il est trop tôt pour dire si le président de Sion, Marcel Maurer, a commis le gros faux pas de sa législature. Mais il n’est en revanche pas prématuré d’affirmer que le bouillon politique dans la capitale valaisanne prend un arrière-goût de moisi.

A quelques semaines de boucler sa première année à la tête de l’exécutif, le libéral-radical, porté en héros par les minorités au sommet des marches de l’Hôtel de Ville le 1er décembre 2008, brisant 150 ans de règne PDC, fait l’objet d’une procédure pénale, a révélé la RSR hier matin.

L’affaire remonte au mois de juillet. Marcel Maurer aurait joué de son influence pour fixer à la baisse le prix de vente d’un terrain de la municipalité à son beau-père. Des chefs de service ayant peu goûté cette attitude ont alors dénoncé le cas à l’Inspection des finances (ICF).

Transmis à la justice pour une enquête préliminaire, le dossier a finalement été classé. Il y aurait bien eu infraction au devoir de récusation, ce qui constitue une violation du droit administratif, mais aucune responsabilité pénale, a conclu en substance le juge Jean-Pierre Greter.

C’était compter sans l’application du ministère public, qui fait recours contre cette décision par le biais du procureur général Jean-Pierre Gross. Pour lui, «l’affaire a été classée hâtivement. Peut-être des recherches plus approfondies confirmeront-elles ces conclusions, mais des points doivent être éclaircis», commente-t-il.

Sans préjuger de l’issue de la procédure, cet épisode prend une dimension politique quand on sait que quatre plaintes, dont plusieurs émanant de collègues PDC membres de l’exécutif, accompagnent celle du ministère public.

Dans les coulisses, chacun s’en remet sobrement à la justice et on sent bien que le Parti démocrate-chrétien s’est mis à l’unisson. Le conseiller communal Alfred Squaratti assure que, «dans le contexte d’une commune à majorité PDC mais dont le président est minoritaire, ce serait précisément une grave erreur de notre part de dénoncer l’affaire. On ne veut pas que la bombe nous éclate à la figure.»

Prudences partisanes

Le PDC n’a pas l’esprit vengeur ou revanchard. C’est aussi l’avis de Christian Bitschnau, membre démocrate-chrétien de l’exécutif. «Vous savez, sur le plan idéologique, le PDC-PLR n’a rien de l’alternance gauche-droite à la française. Cette affaire va surtout servir à améliorer les procédures administratives à l’interne pour éviter des erreurs.»

Les socialistes, pourtant entraînés aux admonestations contre le parti majoritaire, observent la même prudence. Le président du PS sédunois, David Schoepfer, jure ne pas vouloir politiser le débat, mais est bien forcé de constater que «si on met de côté l’affaire, le PDC n’a toujours pas accepté de perdre la présidence de la Ville». Plusieurs membres du Conseil communal confirment l’ambiance «lourde» qui règne à l’exécutif depuis quelques mois.

Coupable ou non-coupable? Marcel Maurer, qui est pour la toute première fois de sa carrière présidentielle dans la posture de l’inculpé, concède une erreur: «Dans ma fonction, et vu les circonstances, je n’aurais même pas dû m’entretenir avec une personne chargée de la procédure de vente, ne serait-ce que pour m’étonner de l’augmentation rapide du prix des terrains en question, ce que j’ai fait. Je le reconnais.»

Mais sur le plan pénal, il se dit tout à fait serein. Le président n’a pas pris part à la séance de l’exécutif qui a statué sur le montant de la vente. Et, en fin de compte, dès que le conseil a pris connaissance du problème, la transaction a été interrompue. «Il est donc faux de prétendre que la Ville a subi un préjudice de tout cela», analyse le socialiste Jean-Pascal Fournier.