Quand une demoiselle aux allures délicieusement surannées et au soutien-gorge translucide vous explique que là-haut le téléphérique est gratuit et les nuits fraîches, comment, en pleine canicule, dire non? La campagne pub d'Arosa pour l'été n'est pas passée inaperçue.
La gratuité des remonte-pentes de la station grisonne réservée à ses hôtes en période estivale existe depuis 2003 et n'a rien d'un gadget. Atteindre les plus hauts sommets sans se fatiguer, se goberger dans les restaurants d'altitude sans avoir dû auparavant suer mille morts, coûte en effet, dans nos belles Alpes, plus que cher. Entre 10 et 20 francs pour une montée en télécabine - le tarif aller et retour étant généralement multiplié par deux et les rabais pour enfants d'une générosité à la Picsou.
Nuitées en hausse
L'offre d'Arosa en est donc vraiment une et, forcément, ça marche. Le directeur de l'Office du tourisme local, Hans-Kaspar Schwarzenbach, explique que, depuis l'entrée en vigueur du système, «Arosa connaît une augmentation des nuitées de 18% qui ne s'est jamais démentie».
Quant aux commerces de la station, ils ont vu leur chiffre d'affaires effectuer des bonds allant jusqu'à 30%. De quoi donner des idées à la concurrence. Cet été, Davos a mis en place un système similaire, que toutes les stations cependant ne sont pas prêtes à adopter.
A Flims par exemple, Andreas Bärtsch, responsable du marketing des remontées mécaniques, explique que, généralisé, le «Nulltarif» conduirait à «détruire de la valeur». C'est exactement la position de la Société suisse des remontées mécaniques, qui a fait sien le vieux slogan: «Ce qui ne coûte rien ne vaut rien.»
De même, dans l'hebdomadaire économique Handelszeitung, le directeur de l'Office du tourisme de Zermatt, Roland Imboden, estime qu'il n'y a rien à attendre de l'offre d'Arosa, qu'il qualifie de «Lockvogelpolitik», autrement dit «attrape-gogo». Et de porter l'estocade: «A Zermatt, les montagnes n'ont pas besoin d'être gratuites pour attirer des gens.»
Reste la demoiselle de l'affiche, qui fut notamment placardée à Dortmund et Stuttgart pendant la Coupe du monde: quelques protestations écrites la dénonçant comme sexiste sont arrivées à Arosa, sur le bureau de Hans-Kaspar Schwarzenbach. Une affiche qui pourtant date de 1935. Ou quand, mal compris, féminisme d'aujourd'hui rime avec puritanisme d'autrefois.