C'est une claque pour l'UDC. Le score est sans appel: la réforme de l'asile proposée par la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a été acceptée par 66,8% des votants, un taux élevé. L'UDC est battue sur un de ses sujets de prédilection. Le paradoxe est bien là: le parti est à l'origine de la votation, c'est lui qui a lancé le référendum contre la réforme, mais il n'a quasiment pas fait campagne, sentant que la bataille était perdue d'avance. Pourquoi?

De mauvais arguments 

Ses arguments, contre les «avocats gratuits» et les possibilités d’expropriation, n'ont pas fait mouche. Le centre de Zurich, qui teste les procédures d'asile accélérées, a démontré que, malgré l'assistance juridique gratuite, conçue pour garantir des procédures «justes et équitables», les recours ont baissé d'un tiers. Un résultat choc, qui balaie les craintes brandies par l'UDC. Quant aux expropriations, elles sont bel et bien prévues dans la loi, mais elles ne devraient que très rarement se concrétiser. 

Des renvois plus rapides

L'UDC a en fait surtout péché par mauvaise foi. En ne pouvant s'empêcher de s'attaquer une nouvelle fois à la ministre socialiste en charge de l'asile, sa victime favorite. Car dans les faits, le parti a tout intérêt à ce que les procédures soient accélérées, comme le prône Simonetta Sommaruga. Elles autoriseront un renvoi plus rapide des requérants qui n'obtiennent pas une protection de la Suisse - même si certains renvois restent, et c'est un problème, inapplicables. Mais cela signifie aussi permettre des économies. Elles sont estimées à 110 millions de francs par an. Si un requérant est plus rapidement fixé sur son sort, s'il obtient une réponse positive, il pourra plus facilement s'intégrer et, par ricochet, probablement moins dépendre de l'aide sociale.

Une opposition qui sclérose

En s'érigeant contre la réforme, l'UDC donne ainsi le sentiment de s'opposer à des solutions et de privilégier la sclérose du système. Pour pouvoir à nouveau brandir son mot favori à propos de l'asile: «chaos». Les réactions ce dimanche de ses membres, qui préfèrent parler de défaite pour le peuple que pour le parti, ne font que mettre en exergue leur mauvaise foi.