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Les délégués socialistes réunis ce samedi à Thoune ont décidé de ne pas soutenir le référendum lancé par les Jeunes Verts contre les derniers durcissements en matière d’asile. Par crainte qu’il ne s’avère contre-productif. L’idée d’une initiative populaire est en revanche lancée
Christian Levrat est soulagé. Le président du PS n’a jamais vu d’un bon œil le référendum contre les derniers durcissements en matière d’asile, estimant que le parti ne devait pas participer à la récolte des signatures, pour des raisons stratégiques. Mais à l’interne, le sujet a fortement divisé. Samedi, les débats ont été vifs, lors de l’Assemblée des délégués socialistes réunis à Thoune (BE). C’est finalement par 114 voix contre 92 et 4 abstentions que les délégués se sont ralliés à la position de la direction.
Le comité directeur a bien insisté: aussi «déplorables» que soient la plupart des modifications adoptées en urgence en septembre, elles ne sont pour la plupart «pas décisives au point de justifier un référendum», certaines n’ayant qu’une «portée symbolique». Il a rappelé qu’en 2006 déjà, un durcissement de la loi avait été accepté par 68% des votants, «en dépit d’une campagne aussi vive que résolue menée par le PS et toutes les organisations d’aide aux réfugiés».
Il s’agit de faire preuve d’une «tactique habile et non aveugle», estiment les responsables du parti: «Soutenir le référendum dans l’état actuel des choses risquerait de nuire aux personnes directement concernées par la révision de la loi sur l’asile.» Ceci alors que d’autres réformes du droit d’asile et des étrangers sont en cours. En clair: l’échec cuisant sur lequel pourrait déboucher le scrutin risque d’avoir pour unique effet celui d’entraîner de nouveaux tours de vis. Et donc d’être contre-productif.
Parmi les dix personnes venues défendre leur point de vue à la tribune – cinq pour, cinq contre –, le conseiller communal zurichois Alan Sagrines a haussé le ton: «Nous n’avons pas peur de la bataille référendaire! Si nous montrons que nous avons peur des partis de droite, autant arrêter tout de suite de faire de la politique!» «Résistons!» a déclaré de son côté la Vaudoise Ada Marra. Pour la conseillère nationale, cette révision est «pire que d’autres où le PS avait lancé un référendum», car elle touche à la notion même de réfugié. Ces propos n’ont pas su convaincre la majorité.
Passer à l’offensive
Le référendum a été lancé par les Jeunes Verts à la suite des durcissements adoptés en septembre. La suppression des demandes dans les ambassades et la non-reconnaissance de la désertion comme motif d’asile, en font partie. Il est soutenu par les Verts et des œuvres d’entraide. Plusieurs sections cantonales du PS s’y sont ralliées: celles de Genève, de Neuchâtel, du Jura, de Saint-Gall, d’Argovie, de Thurgovie, de Bâle-Ville et d’Appenzell Rhodes-Extérieures. Tout comme les sections des villes de Lausanne, Zurich, Berne et Saint-Gall, et les Jeunes socialistes.
La suite? Les Femmes socialistes et le PS vaudois, contre le référendum, proposent le lancement, avec une large coalition, d’une initiative populaire sur la politique migratoire, avec pour principe «Un travail, un permis». Le comité directeur y est favorable et le principe a été accepté par les délégués. La gauche veut plus que jamais proposer ses propres solutions plutôt que de réagir à celles des partis de droite. Un avis partagé par la ministre Simonetta Sommaruga: «Il est grand temps que nous abandonnions notre attitude défensive pour assumer un rôle actif dans la politique d’asile», a-t-elle lancé samedi. Elle a été fortement applaudie.