Défense
Le «message sur l’armée 2021» du Conseil fédéral a été approuvé ce lundi par le Conseil national. Nouveaux chars, nouvel équipement antinucléaire: 2,3 milliards de francs seront investis pour moderniser les troupes de Viola Amherd

Dans quelques jours, l’armée suisse saura quel nouvel avion de combat viendra équiper ses pilotes. Les F/A-18 ne sont cependant pas les seuls engins à prendre de l’âge au sein de l’arsenal helvétique et, pour tenir les équipements à jour, le Conseil fédéral soumettait ce lundi son «message sur l’armée 2021» au Conseil national. La majorité bourgeoise a largement approuvé l’entièreté de ses propositions, dont l’achat de nouveaux chars Piranha. Au grand dam de la gauche, qui s’est opposée à la plupart des nouvelles acquisitions sans jamais triompher.
«Une attaque terrestre paraît peu probable»
La votation en faveur de l’achat de nouveaux chasseurs s’est jouée à un cheveu. Pas le débat sous la Coupole. Ce mardi, 2,3 milliards de francs de budget ont été approuvés sans accroc par le Conseil national. Pour financer quoi? Plusieurs choses: «le programme d’armement», pour commencer, à hauteur de 854 millions de francs. Celui-ci comprend la modernisation des infrastructures de télécommunication et l’équipement des centres de calcul du Département de la défense (178 millions de francs), mais aussi plusieurs achats fortement disputés, dont le renouvellement des véhicules des «sapeurs de chars». Pour 360 millions de francs.
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Equipés de chenilles, les véhicules actuels datent de 1963. Toutefois, faut-il vraiment les remplacer? Le «rapport du Conseil fédéral sur la politique de sécurité de la Suisse» souligne qu’une «attaque terrestre contre la Suisse paraît peu probable à court et à moyen terme», a plaidé Léonore Porchet (Vert·e·s/VD). En vain. Outre les 60 nouveaux véhicules, le Conseil national a approuvé l’achat de 1000 «remorques à un essieu» et 500 «remorques à deux essieux» (66 millions de francs), 217 000 tenues de protection nucléaire, bactériologique et chimique (120 millions de francs) ou encore 745 simulateurs de tirs à laser et leurs 75 cibles (51 millions de francs).
700 000 francs de chaussures
La deuxième partie du budget concerne «l’acquisition de matériel de l’armée», pour un budget total de 772 millions de francs. Défense antichar, matériel d’aide au commandement ou encore «matériel d’artillerie», ce dernier point portant sur la prolongation contestée (de 2025 à 2030) de 133 «obusiers blindés M109», un char largement obsolète datant des années 1960. Combattue par le député vert Fabien Fivaz (NE), la provision a séduit la majorité, qui s’est rangée derrière l’avis du Conseil fédéral. Celui-ci mettait en garde: «une lacune dans le domaine du feu indirect» pourrait survenir si les M109 devaient être mis hors service sans nouveau système pour les remplacer. Elle a été évitée pour un peu plus de 17 millions de francs.
Le Conseil national a également approuvé l’achat de nouvelles «tentes», les actuelles ayant «plus de 50 ans», de systèmes de nettoyage et de dégivrage des pistes ou encore de nouvelles chaussures (700 000 francs). Enfin, un crédit de 172 millions a été entériné pour «l’achat et la gestion des munitions». La remise de cartouches aux sociétés de tir a été combattue par la gauche, qui a souligné ne pas comprendre la raison de cette clause. A nouveau sans convaincre. En 2019, les tireurs sportifs ont payé quelque 8 millions de francs pour des munitions qui en valaient 18. Une subvention financée par le budget ordinaire de l’armée de l’ordre de 10 millions de francs.
18 000 mètres carrés de panneaux solaires
Dernier point à l’agenda: le parc immobilier de l’armée (628 millions de francs). Le Conseil national a accepté divers travaux prévus dans l’enceinte des casernes de Berthoud (BE), Frauenfeld (TH), Drognens (FR), Schwarzenburg (BE) et la construction d’une «halle de tir» à Sion (VS). Combat personnel de la cheffe des armées Viola Amherd, des panneaux solaires viendront couvrir 18 000 mètres carrés de bâtiments, dont certains toits seront végétalisés.
Les mesures dites «écologiques» de l’armée ont été taxées de «greenwashing» par la minorité de gauche qui, une fois de plus, n’a cependant pas triomphé au cours des débats. A noter que, soucieux de justifier 2,3 milliards de francs de dépenses, le Conseil fédéral a souligné que le programme d’armement devrait générer des mandats auprès d’entreprises suisses pour près de 700 millions de francs. Le dossier passe au Conseil des Etats, qui devrait très largement l’approuver.