Un an après, les huit victimes de l’éboulement meurtrier du 23 août 2017 dans le vallon de Bondo (GR) sont toujours portées disparues. Depuis juillet, le Piz Cengalo bouge à nouveau, avec le risque de nouveaux glissements de terrain et de coulées.

«Bregaglia pense aux huit victimes et à leurs familles ainsi qu’aux nombreuses personnes touchées par la catastrophe naturelle», a déclaré lundi Anna Giacometti. La maire de Bregaglia, dont fait partie le village de Bondo, s’exprimait à l’occasion d’une cérémonie commémorative tenue dans la localité de Stampa.

«L’ampleur des destructions a été énorme», a dit à ses côtés Guy Parmelin. Mais ses suites ont été gérées avec succès du fait de la coopération entre la Confédération, le canton des Grisons et la commune, a fait valoir le conseiller fédéral.

La Suisse pourrait s’inspirer de cette coopération pour la protection de la population. «Notre système de milice a une fois de plus fait ses preuves», a souligné le chef du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS). Il a exprimé ses remerciements pour la grande solidarité suisse avec les personnes affectées par la catastrophe à Bondo.

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De nouveaux déplacements depuis juillet

Depuis les événements de l’été 2017, le système d’alarme existant a été renforcé. Désormais, le Piz Cengalo est surveillé en permanence à l’aide de radars et de caméras et la situation est continuellement évaluée par des experts, a expliqué le membre de l’exécutif grison Christian Rathgeb.

Pendant l’hiver et jusqu’en juillet, aucun mouvement de roches important n’a été mesuré. Toutefois, de récents relevés montrent qu’environ 3 millions de mètres cubes de roches se déplacent à nouveau depuis juillet, selon les autorités, soit une masse équivalente à celle qui s’est effondrée voici près d’un an.

Si les mouvements se poursuivent cet été, un glissement de terrain de plus d’un million de mètres cubes ne peut pas être exclu. Tous les sentiers de randonnée du vallon de Bondo sont actuellement fermés.

Protection définitive

La commune s’est préparée au mieux contre d’éventuels mouvements de la montagne à Bondo. Un plan d’urgence a été élaboré en collaboration avec les autorités cantonales. La population a été informée en détail du comportement en cas d’accident. Si l’accès au village est à nouveau menacé, la route d’urgence reste accessible à l’armée par un pont de fortune.

En collaboration avec le canton, Bregaglia travaille sur un concept de protection définitive pour la zone de Bondo, Spino, Sottoponte et Promontogno ainsi que pour les futures liaisons routières. Son coût approximatif est de 23 millions de francs, selon un communiqué de la commune.

Dans ses vastes efforts de reconstruction, la commune grisonne a été soutenue par le canton, la Confédération ainsi que par une vague de solidarité sans précédent. La Chaîne du Bonheur, mais aussi l’organisation de parrainage des communautés de montagne et la commune elle-même ont reçu des dons à hauteur de près de 14 millions de francs.


Il y a un an, un éboulement meurtrier

Le 23 août 2017, l'éboulement meurtrier du Piz Cengalo, le plus important depuis plus d'un siècle, a fait huit disparus. Les coulées de boue consécutives ont provoqué des millions de francs de dégâts dans le vallon de Bondo (GR).

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Quatre Allemands, deux Autrichiens et deux Suisses ont disparu dans la catastrophe. Les recherches pour retrouver leurs traces, les dernières datant de juillet 2018, sont restées sans succès à ce jour.

Les coulées de débris consécutives qui ont atteint le vallon de Bondo jusqu'au 31 août ont entraîné près d'un demi-million de mètres cubes de roche, de blocs et de boue. Les masses de terre ont recouvert des parties de Bondo, Spino, Sottoponte et Promontogno.

147 personnes évacuées

Au total, 147 personnes ont dû être évacuées pendant plusieurs semaines. Dix d'entre elles n'ont pas pu rentrer chez elles. La perte totale est estimée à 41 millions de francs suisses, dont 10 millions causés aux infrastructures communales.

La catastrophe est le fait d'un enchaînement très rare d'événements naturels. Une masse de trois millions de mètres cubes de roche s'est détachée du Piz Cengalo - volume équivalant à 3000 maisons familiales - et est tombée sur le glacier en contrebas. Les roches ont pulvérisé la glace ou l'ont fait fondre en quelques secondes. La masse rocheuse s'est mélangée à l'eau du glacier, formant une coulée de boue qui est descendue jusqu'à Bondo.

La montagne était cependant sous surveillance, car les spécialistes savaient qu'un événement important y couvait. Or aucune activité particulière n'a été repérée les jours précédents sur le flanc nord-est de la montagne, là où s'est produit l'éboulement.

Chargée de l'enquête dès les premiers jours qui ont suivi le drame, la police cantonale grisonne a transmis en juin 2018 le dossier au ministère public des Grisons. Le parquet doit déterminer si les autorités municipales de Bregaglia ont suffisamment attiré l'attention sur les risques de glissement de terrain dans la zone.