Il n’y aura pas de candidat UDC au second tour de l’élection au Conseil d’Etat neuchâtelois. Pourtant, la tête de liste du premier tour, Pierre-Alain Storrer, arrivé en douzième position avec 15% des voix (7119), souhaitait être en lice, aux côtés des libéraux-radicaux, pour permettre, estimait-il, la reconquête de la majorité gouvernementale par la droite et évincer le Vert Fernand Cuche, leitmotiv de l’UDC.
Mis en minorité dans ses propres rangs, se sentant incompris, rejetant la tactique d’opposition systématique, Pierre-Alain Storrer démissionne de ses mandats de député cantonal et de la Ville de Neuchâtel. Cet ex-radical claque aussi la porte de l’UDC, laissant apparaître de fortes divergences, politiques et personnelles, avec le président Yvan Perrin et la «ligne dure» du parti.
Le Temps: Pourquoi vouliez-vous aller au second tour alors que vous ne terminez que 12e du premier?
Pierre-Alain Storrer: Simplement parce qu’un retour à une majorité gouvernementale de droite ne peut pas se faire avec un seul parti. Seul le PDC en Valais le peut encore! Pour tenter de renverser la gauche, il fallait que les deux composantes de la droite neuchâteloise s’allient, le PLR et l’UDC.
– L’UDC a refusé votre candidature, mais le PLR ne voulait pas de vous non plus…
– Oui, et ça peut se comprendre. J’aurais gêné et provoqué des coups de crayon parmi les candidats PLR. Il aurait pu y avoir, à l’arrivée, un seul élu PLR et un UDC. Le PLR ne vise en réalité que deux sièges au gouvernement. Il tente de faire croire qu’il peut en décrocher trois. Personne ne va tomber dans le panneau. Si on avait voulu être ambitieux, à droite, il aurait fallu constituer une entente cantonale avec l’UDC. Nous aurions pu, alors, moduler un Conseil d’Etat mieux à même de faire face aux années difficiles qui s’annoncent. Là, on aura la même composition que ces quatre dernières années, avec M. Cuche dont on ne voulait plus!
– Alors, vous démissionnez de tout. Est-ce un caprice de politicien vexé?
– Pas du tout. Je prends simplement une décision raisonnable. A mon âge (63 ans, ndlr), je me serais retiré des parlements au terme de la législature. Puisque mon parti ne veut pas aller au second tour, je m’en vais, sans état d’âme. Mon parti fait une erreur, mais je m’y résous.
– L’UDC neuchâteloise est-elle un nœud de vipères? Faut-il voir, dans votre non-candidature, une revanche du président Yvan Perrin, mis à l’écart de ce scrutin, qui profiterait du mauvais score de son parti pour reprendre les rênes?
– L’analyse est intéressante. Mais je n’en veux pas à Yvan Perrin. Il n’a pas compris. Il fait sa petite tactique et ne voit pas beaucoup plus loin. Je préconisais une UDC ambitieuse, pour elle-même et la politique neuchâteloise. Je constate qu’une majorité, dans le parti, préfère la ligne dure et pas la participation à la concordance. Ça risque de maintenir l’UDC dans un rôle d’opposition stérile et contre-productive. C’est dommage.
– Est-ce le chant de cygne de Pierre-Alain Storrer, ex-radical devenu UDC, en politique?
– Evidemment. Compte tenu de mon âge et de mes activités professionnelles, je n’imagine pas adhérer à un autre parti, ni en créer un nouveau. Ce serait incorrect vis-à-vis de l’UDC, où j’ai été bien accueilli et où j’ai pu m’épanouir. Mon optique n’est pas retenue, je me retire. Je n’entends pas aviver de division à l’interne du parti.