Le quai des Bergues, avec son concentré d’hôtels étoilés et de boutiques de luxe, est l’un des endroits les plus prestigieux de Genève. Sauf que depuis plus de deux ans, de vulgaires barrières de sécurité bloquent l’accès à une bonne partie du trottoir longeant le Rhône. En cause: un risque d’écroulement.

Commerçants et riverains entrevoient toutefois le bout du tunnel avec un certain soulagement. Comme le confirme Rémy Pagani, les travaux de transformation commenceront fin janvier. «En tout cas la première phase, celle qui consiste à démolir le porte-à-faux surplombant le fleuve et qui devrait durer six mois», précise le conseiller administratif en charge des constructions. S’en suivra une phase de réaménagement de la zone avec, peut-être, un nouveau schéma de circulation à la clé.

C’est donc la fin d’un long calvaire qui s’annonce. «Entre la rénovation de l’immeuble abritant le siège d’HSBC (n° 9-17), la clôture du porte-à-faux et le chantier à venir, nous aurons vécu plusieurs années avec moins de passage devant nos vitrines», souligne le responsable du magasin de chocolats Favarger. «On nous explique que c’est un mal pour un bien, que ce sera mieux quand tout sera fini, ajoute Tarik Adam, qui a récemment ouvert, un peu plus loin sur le quai, la boutique de vêtements Berence. Mais ce qui compte pour nous c’est que soit joli devant notre porte, que les gens aient envie de s’y promener.»

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Les commerçants avaient découvert avec effroi, un matin du mois de juillet 2014, le grillage devant leur porte. Sans prévenir, les autorités avaient décidé de boucler le trottoir côté Rhône, entre le pont de l’Île et pratiquement celui des Bergues. «Alors que les travaux d’HSBC touchaient à leur fin, nous avions remarqué au cours d’inspections que le porte-à-faux menaçait de s’écrouler à tout moment», rappelle Rémy Pagani. Construit en 1974, ce dernier avait mal vieillit et présentait des défauts d’étanchéité et de la rouille sur la structure.

Autorisation en cours

Depuis ce jour d’été, un panneau annonce la fermeture partielle du quai aux piétons, aux cycles et à tous véhicules pour des raisons de sécurité. La banque Syz, qui doit y prendre ses quartiers à la fin du printemps prochain, ne pourra pas se servir du quai pour procéder au déménagement. Trop dangereux. Les camions devront passer par la rue des Etuves, de l’autre côté de l’immeuble, pour décharger leur matériel.

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Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps entre la fermeture d’une partie du quai en juillet 2014 et le début des travaux prévus pour février 2017? «Un tel chantier, qui impose des contraintes de circulation, est très compliqué à planifier», justifie Rémy Pagani. Sans oublier le temps de la procédure. Une demande de crédit (11,5 millions de francs, dont 6,3 destinés à la démolition du porte-a-faux et la reconstruction du parapet) a ainsi été déposée en janvier 2015 avant d’être acceptée, dix mois plus tard, par le Conseil Municipal. Puis il a fallu faire des études avec les mandataires et, enfin, déposer une requête d’autorisation de construire. «Cela a été fait au mois de juin dernier et nous devrions obtenir les autorisations nécessaires dans les prochains jours», assure le conseiller administratif.

Le projet, qui comprend la démolition du porte-à-faux et le déplacement de la barrière existante, a d’ailleurs déjà été présenté aux riverains lors de deux séances d’informations le 15 juin et le 4 octobre. Très impliqué dans la vie du quartier, Eric Becker, le codirecteur de la boutique de confection pour hommes Scabal, était présent ces jours-là. «C’est un quartier en plein essor, se réjouit-il en marchant le long du quai, entre l’hôtel des Bergues où doit bientôt ouvrir un salon de thé Ladurée et le nouveau magasin Breitling inauguré il y a un mois par John Travolta. Nous sommes tous très heureux de savoir que les travaux vont bientôt commencer.»

Zone piétonne?

Arrivant à proximité de sa boutique, Eric Becker prévient néanmoins: «Une fois les travaux terminés, il faudra que les voitures de nos clients, qui viennent parfois de loin, puissent continuer de circuler sur le quai comme aujourd’hui. Il en va du prestige de Genève.»

Cette mise en garde n’est pas anodine. Car le directeur de Scabal sait très bien que la phase 2 du projet de la ville prévoyait, en tout cas initialement, qu’à l’issue des travaux seul le tronçon situé au milieu du quai resterait ouvert à la circulation. Soit celui allant du pont de la Machine au pont des Bergues. Les deux extrémités seraient quant à elles réservées aux piétons.

Eric Becker se dit toutefois confiant pour la suite. «Nous avons pu discuter avec Rémy Pagani qui s’est montré très compréhensif, explique-t-il. Et puis je ne suis pas le seul à faire pression en ce sens, il y a d’autres commerces concernés et deux grandes banques.» De son côté, les services de la ville expliquent que cette seconde phase est encore à l’étude.