Selon son avocat Aba Neeman, Bernard Rappaz commence à perdre la vue et ne se lève plus de son lit. Le dernier certificat des médecins est alarmant.

L’avocat a déposé jeudi dernier une requête auprès du département valaisan de la sécurité pour une interruption de peine. Il n’a pas eu de réponse et s’est dit «désespéré» mercredi lors d’un entretien avec l’ATS. «Bernard Rappaz estime lui-même qu’il ne tiendra pas plus d’une semaine», a précisé l’avocat.

«Il faut faire quelque chose», lance l’avocat qui attend de l’Etat du Valais une décision rapide «quelle qu’elle soit». Le dernier certificat des médecins des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) où est détenu Bernard Rappaz est alarmant. Il évoque des risques élevés de thrombose ou de crise cardiaque, mais confirment qu’ils n’alimenteront pas le détenu de force.

La cheffe du département valaisan de la sécurité Esther Waeber-Kalbermatten a indiqué mercredi à l’ATS que son département est en train de préparer une réponse à la requête de l’avocat de Bernard Rappaz. Concernant l’alimentation forcée, Mme Waeber-Kalbermatten se refuse pour le moment à tout commentaire.

Appliquer le jugement du TF

L’avocat souhaite de la part des autorités valaisannes qu’elles suivent le jugement du Tribunal fédéral (TF) du 26 août. Dans ses considérants, le TF indiquait que «l’autorité d’exécution des peines doit ordonner une alimentation forcée quant il s’agit du seul moyen d’éviter des lésions irréversibles ou la mort d’un détenu en grève de la faim».

Et si les médecins refusent l’alimentation forcée, les autorités devraient à tout le moins décider une interruption de peine pour éviter le décès du détenu, estime l’avocat. Selon lui, le TF estime qu’au 21e siècle il n’est pas possible qu’un détenu puisse mourir ainsi en prison. L’interruption de peine est une mesure subsidiaire à l’alimentation forcée.

Bernard Rappaz est entré en prison le 22 mars pour purger une peine de cinq ans et huit mois pour violation grave de la loi sur les stupéfiants et autres délits. Le chanvrier conteste sa peine et réclame une révision de son procès.

Il a entamé une grève de la faim dès son entrée en prison. Elle a été interrompue à deux reprises, une fois en mai pour une dizaine de jours et une autre fois à fin juillet pour cinq semaines. Il a déposé une demande de grâce auprès du Grand Conseil valaisan qui statuera à huis clos le 18 novembre.