«Attention, ce produit nuit gravement au climat»: c’est le genre de message que Lisa Mazzone rêve de voir affiché sur papier glacé aux côtés d’un Airbus amorçant sa descente sur Barcelone, Londres ou New York. Car pour elle pas de doute, la publicité intempestive pousse à la consommation. «L’aviation est une sorte de bulle intouchable, les vols internationaux ne sont pas soumis à la TVA, ni à la taxe kérosène: c’est une subvention à la pollution! Nous voulons rendre visible le revers de la médaille, alerter la population sur les impacts néfastes d’un vol pour la collectivité.» A l’image des aliments gras et sucrés qui sont désormais estampillés de la mention «à consommer avec modération», les avions sont-ils un danger pour la santé publique? «Indirectement aussi, estime l’élue, notamment à travers la pollution et le bruit aux abords des aéroports.»
«Urgence climatique»
Après avoir érigé l’avion en bouc émissaire, voilà qu’on se met à culpabiliser les consommateurs, diront certains. «L’urgence climatique est une réalité qui impose de prendre des mesures d’information, estime Lisa Mazzone. Nous dénonçons avant tout un système qui, avec ses prix artificiellement très bas et un matraquage ciblé des jeunes, dope la demande.» Les Suisses, il est vrai, voyagent deux fois plus en avion que leurs voisins européens. «L’aviation est déjà responsable de 18% du réchauffement climatique en Suisse, insiste Lisa Mazzone. En 2030, si rien n’est fait, elle en deviendra même la source la plus importante.»
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Si tout le monde ou presque s’accorde sur la nécessité d’une réponse politique au défi climatique, de quels appuis les Verts pourront-ils disposer? «Après avoir entendu les grands discours de certains partis sur le climat, j’espère qu’ils passeront de la parole aux actes», sourit Lisa Mazzone. Résolu à attaquer la problématique sur de multiples fronts, son parti a encore en stock une initiative populaire pour taxer les billets d’avion en Suisse. Elle est en attente des discussions au Conseil des Etats sur la loi sur le CO2.
«Peu d’effets»
A droite, l’accueil s’annonce frileux. Jacques Bourgeois, député PLR fribourgeois, montre peu d’enthousiasme pour ces deux mesures qui «se trompent de cible» et risquent de «ne déployer que peu d’effets». «Ce n’est pas tant les affiches publicitaires mais les offres sur internet et les comparateurs de prix qui poussent à la consommation», estime-t-il.
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Plutôt qu’un «message culpabilisateur», Jacques Bourgeois mise sur la transparence et la responsabilité individuelle. «Il faudrait par exemple déclarer les denrées alimentaires importées par avion et notifier leurs émissions de CO2 afin que chacun puisse choisir en conséquence.» Sur le fond, l’élu estime que les compagnies aériennes doivent apporter leur contribution à la baisse des émissions de carbone: «Un travail doit être fait au niveau européen, la Suisse ne peut pas agir seule dans son coin.»