Élections fédérales
Tous les quatre ans, les électeurs suisses renouvellent le parlement du pays. Quelques fondamentaux avant d’aller panacher son bulletin

A un mois des élections fédérales, Le Temps consacre une série d’articles sur les enjeux politiques et les sujets de préoccupation de la population.
Dans un mois se tiendront les élections fédérales, le renouvellement du parlement national. Comme tous les quatre ans, les candidats s’agitent et les électeurs transpirent. Ils seront 5,4 millions de personnes cette année, dont 180 000 votent depuis l’étranger. Comment cela fonctionne-t-il?
Vaud et Genève prennent du muscle
Lire aussi l'éditorial: C’est l’heure d’aller voter
Les élections fédérales sont en réalité une juxtaposition d’élections cantonales. Que ce soit pour le Conseil des Etats ou le Conseil national, les députés ne peuvent glaner des voix que dans ce cadre géographique. Les partis nationaux ne tiennent ainsi qu’un rôle secondaire, voire embarrassant lorsqu’on fait partie du PDC ou de l’UDC, dont les campagnes agressives au niveau suisse ont suscité les hochements de tête de beaucoup de sections cantonales.
Intéressons-nous d’abord au Conseil national, aussi appelé Chambre basse ou Chambre du peuple. Composé de 200 membres, chaque canton y dispose d’un nombre de députés proportionnel à sa population. Les délégations varient ainsi de 35 membres (Zurich) à un seul (UR, OW, NW, GL, AR, AI). Comme la démographie évolue, les répartitions aussi. Dynamiques démographiquement, Genève et Vaud gagnent chacun un député en 2019 au détriment de Berne et de Lucerne.
Lire aussi: Tout sur le parlement fédéral, en chiffres et en couleurs
Retoucher, biffer, panacher ou abandonner
Comment entre-t-on dans cet hémicycle? Les six cantons qui ne disposent que d’un siège pratiquent le système majoritaire: le mieux élu l’emporte. Les vingt autres fonctionnent de manière proportionnelle: chaque parti obtient un nombre de sièges en fonction de sa part électorale canton par canton, puis les candidats qui ont recueilli le plus de voix obtiennent les sièges acquis par leur formation politique.
Au moment du vote, les électeurs disposent de plusieurs possibilités. Ils peuvent choisir une liste sans la modifier, la retoucher en biffant ou en répétant (une fois maximum) des noms qui y figurent déjà ou la panacher en y insérant les noms de candidats d’autres partis. Il est également possible d’établir sa propre liste sur un bulletin vierge ou, si rien ne paraît convaincant, de voter blanc.
En 2019, le renouvellement du Conseil national bat des records: on dénombre 4652 candidats – 860 de plus qu’il y a quatre ans – dont le plus vieux a 88 ans et le plus jeune aura 18 ans le jour avant l’élection. 40% d’entre eux sont des femmes, un chiffre en nette hausse par rapport à 2015. Celui-ci doit cependant être relativisé selon les cantons: à Nidwald, 43 000 habitants et un seul siège à la Chambre du peuple, il y a deux candidats: deux hommes. La part de femmes en lice est donc de 0%.
Les chanceux sénateurs des petits cantons
Passons au Conseil des Etats, la prestigieuse Chambre haute, temple de la cravate – qui y est obligatoire. Représentante des cantons, elle garantit à chacun deux sièges, enfin presque: six demi-cantons – les deux Appenzells, les deux Bâles, Obwald et Nidwald – n’en ont en fait qu’un seul. Au total, la chambre comporte ainsi 46 sénateurs cravatés – ou aux épaules recouvertes pour les rares femmes (elles sont six).
Le système électoral y est plus complexe, puisque chaque canton décide du sien. Alors que la plupart des candidats battent le pavé et collent des affiches, le PDC Daniel Fässler (AI) est détendu: il a déjà été élu par Landsgemeinde au printemps dernier. Erich Ettlin (OW/PDC) et Hans Wicki (NW/PLR) ont également l’esprit tranquille. Ils ont gagné leur siège de manière tacite, il n’y avait pas d’autres candidats.
La campagne est bien plus rude autre part, selon les multiples systèmes en place. Le Jura et Neuchâtel ont opté pour la représentation proportionnelle alors que, dans le reste de la Suisse, divers types de systèmes majoritaires règnent. A noter que, là où une majorité absolue existe, un deuxième tour peut intervenir trois à cinq semaines après le premier, si personne n’a encore atteint la barre requise.
Une chance à prendre
Parfois mal connu des citoyens, le travail du parlement est pourtant déterminant. Alors que le peuple s’est exprimé 33 fois ces quatre dernières années, le parlement a voté plus de 300 projets de loi et modifications de la Constitution. S’il est un appel aux urnes à ne pas rater, c’est celui-ci. Allez voter!