Une cinquantaine de protestataires, moins que prévu, face à une cinquantaine de policiers. La manifestation du mouvement écologique Extinction Rébellion s’est déroulée pacifiquement sur la place du Palais fédéral ce matin entre 7h30 et 8h à l’arrivée des parlementaires, qui ont pu accéder sans problème à leur lieu de travail.

Toute manifestation sur la place Fédérale étant interdite en période de session parlementaire, la police avait déployé d’importants moyens pour permettre aux élus de faire leur travail. Le Conseil national l’avait d’ailleurs demandé: averti mercredi de cette mobilisation, il avait adopté par 119 voix sans opposition – le camp rose-vert a refusé de participer au vote – une motion d’ordre demandant à la police de garantir l’accès au Palais fédéral. Interrogé à ce sujet, un jeune manifestant s’est montré fier d’avoir fait peur aux élus fédéraux, reprenant à son compte l’un des slogans de Greta Thunberg.

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«Les compromis helvétiques doivent voler en éclats»

Le jeudi étant un jour de marché à Berne, le face-à-face entre les manifestants et la police a d’abord pris des allures de partie de cache-cache entre les stands. Mais jamais il n’a menacé de déraper dans la violence. Dans un premier temps, les activistes d’Extinction Rébellion ont déversé de la peinture rouge sur le sol à proximité de la place Fédérale pour dénoncer «l’écocide» qui est en train de se produire tout en déployant des banderoles: «Le temps nous est compté», pouvait-on y lire. «Sommes-nous la dernière génération?» s’interrogeait même une jeune fille d’une quinzaine d’années.

Les orateurs qui se sont exprimés au mégaphone ont instamment demandé aux parlementaires de déclarer l’urgence climatique. «Vous qui êtes élus, réveillez-vous!» a lancé Guy Dottrens, de Lausanne. «Vous avez le pouvoir d’agir, mais certaines règles doivent changer», a-t-il poursuivi. Le temps des demi-mesures est révolu. «Les compromis helvétiques doivent voler en éclats, sinon ils seront synonymes de compromission avec les forces destructrices de la planète», a-t-il conclu.

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«Que les gens se présentent aux élections»

Peu après ce discours est arrivé Philippe Nantermod, le vice-président du PLR suisse. Mercredi soir, celui-ci s’était insurgé contre cette manifestation sur sa page Facebook: «Les théories et actions extrémistes de quelques-uns constituent un vrai danger pour la démocratie», avait-il écrit. Ce jeudi matin, il a pu se rassurer. La manifestation n’a en rien été extrémiste ou violente. «Que ces gens se présentent aux prochaines élections et on verra qui est élu», s’est-il exclamé. Les manifestants se sont ensuite déplacés sur la place de la Gare, où ils se sont couchés sur un passage pour piétons avant d'être délogés par la police.

Le choix de la date était lié au travail parlementaire. Ce jeudi, le Conseil national devait en effet décider d'intégrer ou non le Fonds vert pour le climat dans le crédit-cadre quadriennal pour la protection de l’environnement mondial, que les Chambres fédérales ont accepté en mars. Faute de temps, cette décision a cependant été reportée à un autre jour.

Extinction Rébellion annonce d’autres manifestations. «Ce n’est que le début», dit le groupement dans un flyer distribué aux parlementaires. Il demande trois choses: le gouvernement doit «dire la vérité sur le caractère mortel de notre situation», réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 et protéger la biodiversité, et, enfin, il souhaite la convocation d'«assemblées citoyennes locales et nationales pour assurer une transition juste et démocratique». L’organisation continuera de se mobiliser jusqu’à ces demandes aient été entendues. Or elles semblent irréalistes, voire confuses aux yeux de nombreux élus.