Distance sociale, mesures d’hygiène et traçabilité. Ce sont les critères qui encadrent la troisième étape de déconfinement annoncée mercredi par le Conseil fédéral. Cette troisième phase interviendra plus rapidement que prévu. Dès samedi, veille de la Pentecôte, le nombre de personnes autorisées à se rassembler passe de 5 à 30. Alain Berset admet que la restriction en vigueur n’est plus tenable. «On ne peut plus expliquer pourquoi on n’a pas le droit de se réunir à 10 ou à 15», reconnaît-il. La réouverture des commerces et des restaurants le 11 mai ne s’est pas accompagnée d’une flambée de nouvelles infections. Leur nombre reste stable, généralement inférieur à 20 cas par jour. «Cela s’est bien passé dans l’ensemble», constate-t-il.

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Pourquoi 30 personnes et pas 40 ou 50? «Jusqu’à 30 personnes, on peut parler de rassemblements spontanés, par exemple pour un pique-nique ou un match de foot improvisé par un groupe de jeunes. Au-delà, c’est déjà une petite manifestation», justifie-t-il. Que dit-il aux corps de police qui craignent de ne pas pouvoir calculer si un attroupement compte 25 ou 35 personnes? «Je reconnais que ce n’est pas simple pour eux, mais je fais appel au bon sens de tous», répond-il évasivement. Dès lundi 1er juin, la récolte de signatures pour des initiatives ou des référendums sera de nouveau possible dans l’espace public. Les délais de récolte avaient été suspendus par le Conseil fédéral jusqu’au 31 mai.

Le judo et la lutte non, le sexe oui

La suite, ce sera non pas pour le lundi 8 juin, mais pour le samedi précédent, le 6 juin, parce qu’il aurait été «curieux d’activer un paquet de mesures touristiques et de loisirs un lundi», résume Alain Berset. Dès le 6 juin, les manifestations privées et publiques comptant jusqu’à 300 personnes seront de nouveau autorisées. Cela concerne les réunions familiales, les événements, les salons, les concerts, les représentations théâtrales, les séances de cinéma, les assemblées politiques. L’enseignement présentiel post-obligatoire et les entraînements sportifs pourront reprendre à cette date, alors que les zoos, les jardins botaniques, les piscines, les centres de bien-être, les remontées mécaniques, les campings, les établissements de loisirs, les discothèques et boîtes de nuit pourront rouvrir.

Certaines particularités ne manquent toutefois pas de surprendre. Ainsi, comme les restaurants, les dancings devront fermer leurs portes à minuit, ce qui est assez paradoxal pour une boîte de nuit. Les sports impliquant un «contact physique étroit et constant», comme la lutte, le judo, la boxe ou la danse de salon resteront interdits jusqu’au 6 juillet. Contrairement aux services de prostitution et salons érotiques, dont il est difficile de prétendre qu’ils n’impliquent pas un «contact physique étroit», qui, eux, pourront reprendre leurs activités le 6 juin…

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Plans de protection sanitaire exigés

Dans tous les cas, les organisateurs et exploitants devront disposer d’un plan de protection sanitaire qui reprend les règles de base: distance minimale de 2 mètres, règles d’hygiène. Alain Berset admet que la règle des 2 mètres – les pays voisins imposent un écart minimal plus court – ne pourra pas toujours être appliquée strictement. Dans ce cas, le port d’un masque sera recommandé. «Et c’est pour cela que nous insistons sur la nécessité de pouvoir retrouver les personnes présentes si un cas d’infection s’est produit dans un établissement ou lors d’une manifestation», ajoute-t-il. Le Conseil fédéral demande par exemple aux exploitants de boîtes de nuit de tenir des listes de présence et de limiter la fréquentation à 300 personnes. Dans les faits, cela risque de se révéler aussi difficile que l’enregistrement des données de tous les clients qui se rendent dans un restaurant ou un bar, désormais abandonné au profit de la saisie des coordonnées d’une seule personne par groupe.

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Le Conseil fédéral compte ensuite, le 19 juin, abandonner la «situation extraordinaire» prévue par la loi sur les épidémies pour revenir, pour une période encore indéterminée, à la «situation particulière». Il sortira alors du droit d’urgence, mais n’abandonnera pas toutes les mesures prises depuis mars. Certaines seront ancrées dans une «loi Covid-19» spécifique, qui sera soumise au parlement cet automne. Cela concerne par exemple les mesures aux frontières, l’approvisionnement en biens médicaux importants ou encore la protection des personnes vulnérables. Celles-ci pourront recommencer à participer à la vie sociale, à condition de continuer à respecter les règles sanitaires. Les grands-parents pourront reprendre la garde de leurs petits-enfants, mais pour les bisous, il faudra sans doute encore attendre.

La semaine suivante, le 24 juin, le Conseil fédéral se déterminera sur les manifestations de plus de 300 personnes. Sur la base d’une décision antérieure, celles qui réunissent plus de 1000 participants restent interdites jusqu’au 31 août. Et après? «Il est difficile de dire ce qu’il se passera à partir de septembre. Mais le Conseil fédéral se prononcera avant l’été», promet Alain Berset. Le ministre de la Santé a encore pris congé mercredi de Daniel Koch, délégué au Covid-19, qui a eu 65 ans en avril, en pleine crise sanitaire, et prend sa retraite à la fin du mois.