Un conseiller d’Etat sortant largement en tête, Jean Studer, qui a manqué la majorité absolue pour 1200 voix. Un autre, Fernand Cuche, en grande difficulté. Un troisième, Roland Debély, définitivement éliminé. Le 1er tour de l’élection au Conseil d’Etat a débouché sur un ballottage général et un verdict cruel pour le ministre vert et son collègue libéral-radical.

Les deux magistrats ont connu une législature difficile, mais la dureté de la sanction prononcée par les Neuchâtelois étonne: empêtré dans le dossier hospitalier, Roland Debély est arrivé 5e et dernier de la liste PLR. Peu à l’aise au sein d’un gouvernement obligé de rationaliser l’appareil d’Etat, Fernand Cuche est arrivé en 11e position seulement, derrière les cinq candidats socialistes. Ce dernier garde toutefois un espoir de conserver son fauteuil au gouvernement. La condition? Qu’il soit ajouté au ticket socialiste Jean Studer-Gisèle Ory lors du second tour, le 26 avril.

Vers une élection tacite?

Rien n’était encore formellement décidé hier soir. Le renforcement de la majorité de gauche au parlement donne une bonne chance à cette hypothèse de se réaliser. Comme les Verts ont progressé au Grand Conseil et que l’UDC s’est affaiblie (lire ci-dessous), une élection tacite est possible. Un scénario qui se répète invariablement depuis 1993. Les partis doivent prendre position sur leurs stratégies respectives d’ici à lundi soir. Ils ont jusqu’à mardi midi pour déposer leurs listes pour le second tour.

Arrivé en tête de la liste PLR, Frédéric Hainard, 33 ans, plaide pour une élection tacite: trois de gauche et deux libéraux-radicaux (à savoir lui-même et Claude Nicati, son chef au Ministère public de la Confédération). «Je suis du Haut, ancien libéral. Claude Nicati du Bas, ancien radical. Cela représente bien les forces en présence.»

L’UDC pourrait faire obstacle à ce scénario. «Nous sommes opposés à une élection tacite de Fernand Cuche, tonne son président, Yvan Perrin. Il est arrivé onzième, largement décroché. Cela montre que la population n’en veut plus. Si le PS décide de le repêcher, nous présenterons Pierre-Alain Storrer au second tour.»

Une option défendue par Pierre-Alain Storrer lui-même. «A titre personnel, je veux aller au second tour. Il me semble logique de me retrouver sur une liste de droite avec les deux meilleurs candidats du PLR. S’ils ne le souhaitent pas, on pourrait présenter une liste UDC.»

Du côté du PS, on évitait de trop s’avancer sur la question. A son arrivée dans la cour du Château, quand la majorité au Grand Conseil n’était pas encore connue, Jean Studer a tendu la main au sortant écologiste. «Fernand a reçu un avertissement sévère, pas une baffe.» Quelques secondes plus tard, il enfonçait le clou: «La gauche plurielle a besoin de toutes ses composantes pour aller chercher la majorité.»

La voix du grand timonier socialiste devrait peser lourd lors des négociations entre partis.

Il a écrasé l’élection avec 22 486 voix, soit près de 1000 de plus qu’il y a quatre ans malgré une participation en net recul (37,3% contre 44,5% en 2005). L’ancien avocat ne cachait pas sa satisfaction: «En menant des réformes et en redressant les finances du canton, on peut se faire beaucoup d’ennemis. Mon score démontre qu’on peut aussi se faire beaucoup d’amis.»

Dans l’ombre de «Jean», la conseillère aux Etats Gisèle Ory a réalisé un très bon score, devançant même son colistier dans les Montagnes. Avec Frédéric Hainard, il y aura donc deux représentants de La Chaux-de-Fonds au Château. De quoi oublier définitivement la mise à l’écart de Didier Berberat, qui, malgré sa cinquième place, avait dû se retirer en 2005 au profit de Roland Debély.