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Le braquage de la BCV d'Aubonne: un projet pour rire qui se solde par un fugitif et deux complices arrêtés

Trois amis désargentés avaient évoqué autour d'un verre l'idée d'un hold-up: ils l'ont fait, mais avec un sérieux manque de professionnalisme. Récit d'une épopée plutôt cocasse.

Le braquage de la Banque Cantonale Vaudoise (BCV) d'Aubonne, survenu le 23 juillet, n'est pas l'œuvre du grand banditisme. Mais celle de trois amis en manque d'argent, qui évoquaient l'idée sur le ton de la plaisanterie, avant de la prendre très au sérieux et de passer à l'acte. La police cantonale vaudoise a identifié l'auteur principal de ce vol – un Brésilien âgé de 31 ans actuellement en cavale – et a arrêté ses deux complices, parmi lesquels figure un employé de l'agence bancaire. Les trois suspects habitent Lausanne et Aubonne, et n'étaient pas connus de la justice helvétique.

Le 23 juillet vers 7 h 30, l'auteur présumé réussit à pénétrer dans la banque située chemin du Mont-Blanc en prenant en otage une employée qui y entrait, en lui pointant un couteau sous la gorge. A l'intérieur, il neutralise les trois employés présents, dont son complice âgé de 30 ans. Il se fait ouvrir le coffre-fort et remplit un sac de liasses de billets. Avec du gros scotch, il ligote ses victimes et les oblige à descendre au sous-sol. Il sort de la banque, puis s'engouffre dans une voiture qui l'attendait. Le butin s'élève à environ 700 000 francs. Un employé parvient à se libérer vers 7 h 45 et donne l'alarme.

Eléments troublants

La division criminelle de la police de sûreté mène l'enquête. Le signalement du malfrat, qui a agi à visage découvert, ne repose que sur les indications fournies par les victimes, puisque les caméras à l'intérieur de l'agence n'enregistraient pas à ce moment: homme de type méditerranéen, 1,90 mètre, 30 à 35 ans, portant une fine barbe en collier.

Des éléments troublants, notamment une connaissance approfondie du lieu et des habitudes du personnel, démontrent aux enquêteurs qu'une complicité à l'intérieur de la banque est probable. Mais surtout, au cours de l'enquête de voisinage, un témoignage se révèle capital. Un homme raconte avoir épié la veille du cambriolage deux individus aux abords de la banque, visiblement en train d'effectuer des repérages. Les policiers sont ravis lorsque le voisin leur annonce fièrement qu'il a pris le soin de noter le numéro de la plaque minéralogique de la voiture dans laquelle les suspects sont montés.

Immatriculé dans le canton de Vaud, le véhicule appartient à un Brésilien de 23 ans domicilié à Aubonne – c'est lui qui conduisait la voiture le jour du casse. En explorant cette piste, la police réussit à identifier les auteurs du vol. Les enquêteurs découvrent que l'auteur principal présumé – marié, père d'un enfant et titulaire d'un permis de séjour – est parti en Espagne. Le juge d'instruction de La Côte, Jean-Marie Ruede, lance un mandat d'arrêt international. Les investigations menées par les Espagnols, d'après les indications de la police vaudoise, permettent de récupérer une partie du magot. Mais le suspect leur échappe.

Les deux complices sont interpellés au début du mois d'août à leur domicile, puis incarcérés. Quelques centaines de milliers de francs sont retrouvés dans le canton de Vaud grâce à leurs indications. Ils avaient déjà dépensé une partie de leur butin. Tandis que le fugitif dispose encore d'une petite somme. «Mais la quasi-totalité du montant a été récupéré», se réjouit Paul Coudret, directeur adjoint de la communication de la BCV.