Santé
Le groupe de cliniques privées Genolier souffle le chaud et le froid: il se dit prêt à négocier et être un partenaire des hôpitaux publics, mais dénonce la liste hospitalière et la convention collective de travail

Comprenne qui pourra le message alambiqué délivré par le groupe de cliniques privées GSMN, qui possède les hôpitaux de La Providence et de Montbrillant dans le canton de Neuchâtel : il salue l'ouverture du Conseil d'Etat neuchâtelois en faveur de partenariats publics-privés et pour l'intégrer à la négociation de la future convention collective de travail.
Dans le même temps, par la voix de son président Raymond Loretan et de son administrateur Antoine Hubert, Genolier fustige ce même gouvernement qui a réduit ses missions dans le cadre de la nouvelle liste hospitalière - GSMN dépose d'ailleurs un recours - et voue aux gémonies l'actuelles CCT Santé 21, «un carcan» affirme Antoine Hubert qui est la «cause principale du dysfonctionnement et de l'inefficience des établissement qui y sont soumis».
A Neuchâtel peut-être plus qu'ailleurs, le dossier hospitalier est d'une grande complexité. Il n'y a ainsi pas que la question de l'organisation spatiale d'Hôpital neuchâtelois, entre le Haut et le Bas - le Grand Conseil devra valider, ce mardi, le renoncement à la notion d'équilibre qui était chère à l'ancienne ministre Gisèle Ory et que le peuple avait ratifiée en novembre 2013 -, le canton est face à un bras de fer qui oppose l'établissement cantonal et le gouvernement, au groupe privé Genolier.
La dernière liste hospitalière délivrée par le Conseil d'Etat préconise un statu quo des missions confiées aux cliniques de GSMN en 2016 et une diminution à partir de 2017, alors que Genolier avait postulé pour un renforcement de ses activités reconnues. «Cette planification discrimine les établissements de GSMN Neuchâtel, dénonce Raymond Loretan, ce qui n'est pas acceptable.» Et de faire remarquer que la planification du ministre socialiste Laurent Kurth «ne respecte pas les prescriptions de la LAMal qui imposent le respect de critères d'économicité et d'efficience. Or, elle entraîne un surcoût financier de plus de 50 millions pour le canton».
«Tout mettre à plat»
Privé d'élargissement de ses activités, Genolier n'investira pas les 40 millions prévus jusqu'en 2020 et au lieu de créer, dit-il, 80 à 100 postes de travail, «nous devrons réduire nos effectifs de 80 à 100 postes d'ici à 2022».
GSMN s'estime mis de côté parce qu'il n'applique pas la convention collective Santé 21 qui a cours dans les hôpitaux neuchâtelois. Le groupe de cliniques privées a demandé à être intégré à la renégociation de ladite convention, le gouvernement y est favorable. Genolier affirme qu'il n'est pas opposé aux CCT et qu'il en applique une au Tessin. Il dit encore appliquer la CCT de l'hôtellerie suisse.
Mais pas question de prendre l'actuelle convention hospitalière neuchâteloise bien trop généreuse, qui n'annualise pas le temps de travail, compense les jours fériés qui tombent sur un week-end, fait du samedi un jour férié, prévoit la progression salariale automatique et des indemnités pour les horaires irréguliers pouvant rapporter 500 francs supplémentaires par mois. Antoine Hubert se dit prêt à négocier, à condition de «tout mettre à plat».