Trente minutes en tête à tête avec la chancelière. Le président de la Confédération, Johann Schneider-Ammann, a été reçu mercredi à Berlin par Angela Merkel, dans le cadre d’un déplacement essentiellement consacré aux questions migratoires. «Elle nous a attentivement écoutés, s’est félicité à l’issue de l’entretien le conseiller fédéral, qui voyait la chancelière pour la quatrième fois cette année. Elle a très bien compris que les dossiers du libre-échange et des questions institutionnelles ne peuvent être traités ensemble juridiquement, parce qu’on perdrait du temps en construisant un paquet qui n’aurait pas de chance d’être accepté par référendum.»

Angela Merkel s’est bien gardée de dire si elle soutiendrait vis-à-vis de la Commission européenne la position suisse d’une restriction «light» à la libre circulation des personnes, en réponse au référendum de février 2014 sur l’immigration de masse. Mais la partie suisse redoutait une position allemande bien plus radicale, dans le contexte actuel de post-Brexit, l’Allemagne pouvant être tentée de faire preuve d’intransigeance pour éviter un effet de contagion aux pays euro-sceptiques d’Europe de l’est.

«Comme s’il n’y avait pas le Brexit»

«Les négociations avec la Suisse doivent être conduites, comme s’il n’y avait pas le Brexit, a souligné Angela Merkel. L’Allemagne veut une solution qui soit compatible avec la libre-circulation des personnes. La Suisse a le droit d’être traitée comme un pays souverain, avec ses souhaits politiques propres.» Et d’ajouter que «l’Allemagne a intérêt à ce qu’un bon accord soit trouvé avec l’Union européenne», ne serait-ce qu’à cause des nombreux Allemands qui travaillent en Suisse.

Johann Schneider-Ammann de son côté a souligné l’importance de bonnes relations entre les deux pays: «La Suisse profite énormément de la bonne santé de l’économie allemande.» Hors de question donc pour la Suisse de compromettre les exportations vers la République Fédérale. Le Président de la Confédération s’est dit persuadé qu’un accord pourrait être trouvé lors de la session d’hiver du Conseil national. Les autorités suisses ont jusqu’à février prochain pour mettre en application le vote de 2014. «Un accord compatible avec la libre circulation des personnes, et à même de trouver une majorité en Suisse… Ce ne sera pas une promenade», a conclu Johann Schneider-Ammann.