Les pieds dans trente centimètres d'eau, courbés en deux, ces passionnés perpétuent les gestes traditionnels du chercheur d'or. Munis de leur bâtée, un récipient profond ou évasé, ils trient le sable grossier pour en retirer les plus petites particules, où se cache l'or. Avec des gestes circulaires nerveux et l'aide de l'eau, l'or, plus lourd que le sable, tombe dans le fond de la bâtée. Des mouvements de va-et-vient plus lents éliminent ensuite les résidus grossiers. Si tout marche pour le mieux, les paillettes scintillent dans le récipient à la fin de l'ouvrage. Elles sont alors placées dans une fiole transparente et contrôlées. Mais malheur à celui qui oublie une paillette: cinq minutes de pénalité lui seront infligées. Pour Jacques Brodard, président du comité d'organisation du championnat et responsable du club de Broc, «l'orpaillage de compétition nécessite adresse, savoir-faire et rapidité». Mais d'où vient cet intérêt pour la chasse à l'or?
Le président de la Société suisse des orpailleurs, Friedrich Grundbacher, explique que «la redécouverte de l'orpaillage date des années 70. Des géologues de la région de Lucerne ont remis au goût du jour cette pratique utilisée jadis en Suisse.» 35 kilos d'or ont d'ailleurs été recensés, provenant des rivières de Suisse centrale. Ils ont servi à frapper les ducats lucernois.
350 orpailleurs dans les cours d'eau suisses
Aujourd'hui, dans notre pays, près de 350 personnes passent leur loisir au bord des cours d'eau pour traquer paillettes et pépites. Ils seraient plus de 6000 de par le monde. Sans amour du gain, «mais simplement pour le plaisir d'être en nature. Chercher de l'or, c'est une détente, une quête de sérénité. Quelques-uns de nos membres ne pratiquent pas la compétition, mais préfèrent les sorties en rivière, pour découvrir ses trésors cachés.» A cet égard la Suisse compte quelques sitestout à fait propices.
«L'or pur des montagnes a été transporté sur le plateau pendant les périodes de glaciation, notamment par le glacier du Rhône, relate Friedrich Grundbacher. Avec l'érosion, les couches aurifères se sont peu à peu désagrégées pour se retrouver dans le lit des rivières.» L'Emmental, et notamment le Napf, les régions de Zurich et Saint-Gall ainsi qu'en Suisse romande les affluents du Rhône près de Genève sont les sites les plus courus. De quoi passer quelques journées à patauger dans la gadoue.