Si le bruit du transport aérien est une cause de conflit avec l’Allemagne, c’est aussi un dossier chaud de la politique zurichoise. La cinquième publication de l’indice ZFI du bruit de l’aéroport était donc très attendue lundi. Mais son résulte pose davantage de problèmes qu’il n’en résout.

L’indice, un instrument de mesure fort complexe et subjectif, se lit en termes de personnes incommodées par le bruit. L’indice s’est accru de 6% en 2011 à 53 704 personnes. Ce nombre dépasse la référence définie par le gouvernement et qui s’élève à 47 000 riverains dérangés par le bruit.

Pourtant le conseiller d’Etat Ernst Stocker, responsable du département de l’économie, observe avec satisfaction une stabilité de l’indice des nuisances nocturnes. Le nombre de personnes fortement incommodées la nuit est inchangé en raison de l’interdiction de vols durant sept heures intervenue à la fin juillet 2010. L’année dernière marque la première année de prise en compte intégrale de cette interdiction. Par contre les riverains fortement dérangés durant la journée sont en hausse de 9%.

«La cause principale de l’augmentation de l’indice n’est pas liée au transport aérien lui-même, mais à celle du nombre de résidents aux alentours de l’aéroport», selon Ernst Stocker. Le nombre de riverains s’est accru de de 2,4% en 2011 tandis que la population n’augmentait que de 1,4% dans l’ensemble du canton. «C’est un phénomène identique à toutes les grandes villes», a expliqué le conseiller d’Etat. La région la plus touchée, le Glattal, compte 156 106 habitants et croît à un rythme de 4,8% en 2011.

Si la croissance de la population riveraine est nettement plus dynamique que prévu lors de l’établissement de l’indice, il n’est pas question de parler de révision du ZFI, selon le gouvernement zurichois.

Le transport aérien a tout de même contribué à la détérioration de l’indice, en raison des changements intervenus dans la gestion des vols et la redistribution du bruit qui en est résultée.

Sur le long terme (2000- 2011), l’indice ZFI du bruit s’est réduit de 10%. Si les riverains de l’aéroport se sont accrus de 14%, les changements intervenus dans la gestion des vols a réduit l’indice de 23%. Le nombre de mouvements a même diminué de 14,4% sur la période.

La croissance de la population aux abords de l’aéroports exerce donc un impact supérieur aux changements liés directement au transport aérien, qu’il s’agisse du nombre de vols, des changements de routes ou de la diminution des nuisances grâce au renouvellement de la flotte.

Le changement de la flotte d’avions court-courriers de Swiss dès 2014, à travers le remplacement des Jumbolinos par des Bombardier CS100 devrait réduire les nuisances sonores.

Toutefois, l’indice de référence du gouvernement a tout de même été dépassé, amenant le gouvernement à revoir son concept de mesures.

Les mesures prévoient des mesures d’aménagement du territoire au plan cantonal et communal et des subventions pour l’isolement des maisons et l’adaptation aux normes Minergie. Le conseil des propriétaires immobiliers dans leurs travaux de rénovation et les investissements dans des équipements contre les nuisances sonores devraient également améliorer la situation.

«Le financement de ces subventions ne sera pas assuré par les contribuables mais par le fonds de l’aéroport, lequel est alimenté par les gains de 300 millions issus de la privatisation», selon Ernst Stocker. Huit millions seront annuellement mis à disposition à partir de ce fonds.