Justice
Trois multirécidivistes comparaissent devant le Tribunal criminel pour avoir violemment agressé des personnes âgées à leur domicile afin de les détrousser

Elles sont venues malgré leur âge et les souvenirs douloureux que ce procès réveille. Deux octogénaires agressées à leur domicile par des brigands écoutent avec attention les débats qui retracent le parcours chaotique d’un trio de multirécidivistes maghrébins. Aujourd’hui, une des nombreuses accusations qui pèsent sur deux des prévenus est autrement plus grave puisque ceux-ci doivent répondre de tentative d’assassinat par dol éventuel pour avoir frappé, ligoté, bâillonné et abandonné une vieille dame dans sa baignoire, prenant ainsi le risque que cette dernière décède d’asphyxie ou de soif.
Le procureur général, Olivier Jornot, soutient en personne l’accusation devant le Tribunal criminel de Genève. Une affaire emblématique pour un Ministère public bien décidé à combattre la dérive de délinquants en situation irrégulière et habitués des séjours en prison. Le survol de leur passé respectif par la présidente de la cour, Isabelle Cuendet, est édifiant.
Samir*, 26 ans, né au Maroc, une scolarité écourtée, est arrivé en Europe par bateau, caché dans un container. Un premier séjour en Italie l’a familiarisé avec la boisson, les sorties, les arrestations et les foyers pour mineurs. A Genève, sa situation ne s’améliore guère. Sans travail mais porté sur les médicaments et la cocaïne, il multiplie les vols pour s’acheter de la drogue. Son casier judiciaire compte déjà huit condamnations. C’est lui qui est accusé d’avoir commis l’agression la plus brutale de ce dossier, celle du 18 février 2012, pour forcer l’octogénaire à lui remettre ses valeurs et pour extorquer le code de sa carte bancaire. Il est aussi poursuivi pour avoir menacé la seconde vieille dame avec un couteau afin de la détrousser.
Karim*, un Marocain de 26 ans aussi, n’a pas fait beaucoup mieux. Venu à Genève à l’âge de 17 ans pour faire des études tout en habitant chez sa tante, il se spécialise surtout dans la délinquance. «Depuis 2005, vous ne faites que commettre des infractions», relève la présidente. Cela lui a valu déjà 14 condamnations et cinq années passées derrière les barreaux. Devenu père d’un petit garçon, il assure vouloir changer de voie. Il est notamment accusé d’avoir accompagné Samir au domicile de la personne âgée et d’avoir accepté toutes les violences exercées par son compatriote dans cette salle de bains. Il aurait aussi brutalisé son ex-compagne, qui est venue le confirmer au procès.
Malik*, 38 ans, est Algérien, mécanicien et dépressif. Depuis son départ pour l’Italie et la Suisse, en tant que requérant d’asile, il a également multiplié les condamnations. L’intéressé n’est pas impliqué dans la tentative d’assassinat mais il se voit reprocher le brigandage au couteau du 19 janvier 2012 au domicile de l’autre octogénaire.
Les débats se poursuivent avec l’audition des deux principales victimes de cette affaire et l’interrogatoire des prévenus sur les faits les plus graves.