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Le camp Blocher veut encore étendre son emprise sur la direction de l'UDC

Le renouvellement, ce week-end, du comité directeur du parti ravive les tensions entre les ailes bernoise et zurichoise

Les socialistes n'ont pas le monopole des querelles intestines. Mais les bourgeois sont plus discrets, à l'image de l'Union démocratique du centre (UDC), secouée par un nouveau choc frontal entre son courant majoritaire acquis aux thèses de Christoph Blocher et son aile «libérale». Le bras de fer engagé entre les sections zurichoise et bernoise à propos de leur représentation dans les organes dirigeants du parti s'est joué jusqu'ici en famille. Démunis face au rouleau compresseur blochérien, les Bernois viennent tout de même de laisser filtrer leur amertume dans quelques médias alémaniques.

Ce week-end, l'UDC doit en effet renouveler son comité central (80 membres) ainsi que son comité directeur (20 membres). La bataille se concentre sur ce dernier cercle. La présidence du parti voudrait y imposer un nouveau Zurichois, le jeune et virulent conseiller national Christoph Mörgeli, et propose d'ignorer deux candidatures bernoises, celles d'Albrecht Rychen et d'Ursula Haller. Si le premier est en perte de vitesse – il a perdu son siège de député –, la seconde a fait une entrée remarquée au parlement, où elle s'est notamment illustrée en refusant haut et fort de voter pour Christoph Blocher au Conseil fédéral.

«Velléités de scission»

A Berne, le message est clairement reçu: ceux qui osent critiquer le leader de l'UDC doivent payer. «Je comprendrais que l'on ne nous accorde qu'une seule nouvelle place au comité directeur, sachant que de nouveaux cantons ont émergé lors des dernières élections fédérales. Mais si les deux nous sont refusées, il n'est pas exclu que des velléités de scission se manifestent à nouveau», prévient Thérèse Bernhardt, vice-présidente de l'UDC bernoise.

L'appétit zurichois met à mal la cohésion même du trio formant la direction du parti. Le secerétaire général Jean-Blaise Defago s'oppose ainsi à l'avènement de Christoph Mörgeli, contre l'avis de son président Ueli Maurer et du chef du groupe parlementaire Walter Frey, tous deux Zurichois. «Que ce soit un Bernois ou un délégué d'une autre section, il serait équitable qu'un représentant de la tendance libérale ait la priorité», défend le secrétaire. Il note que l'aile blochérienne est de toute manière largement assurée de la majorité au sein des organes dirigeants. Le comité directeur compte déjà cinq Zurichois, et pas des moindres, puisqu'outre Ueli Maurer et Walter Frey, on y retrouve les présidents des jeunes et des femmes UDC.

Les Bernois pourraient obtenir un temps de répit pour affûter leurs armes. Un report du vote, agendé samedi à l'issue du congrès de l'UDC dans le canton d'Uri, est probable. Les Zurichois pourraient s'y résoudre pour la seule raison que les Bernois, retenus par l'enterrement de l'épouse du président de leur section, seront absents à l'heure du vote.