Il y a des noms qui reviennent régulièrement sur le devant de la scène dès qu’un siège devient vacant au Conseil fédéral. Jean-François Rime (UDC/FR), Hansjörg Walter (UDC/TG), Karin Keller-Sutter (PLR/SG), Pascal Broulis (PLR/VD), Christian Lüscher (PLR/GE) font partie de cette short list. Figures en vue dans les partis, chouchous des médias ou candidatures alibis: les projecteurs se braquent régulièrement sur eux lorsqu’il s’agit de remplacer un membre du gouvernement.

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Les particularités de la politique fédérale font que ces papables ne sont pas maîtres de leurs aspirations. De l’extérieur, il est difficile de distinguer les vrais aspirants des «candidats alibis», proposés par les partis à des fins stratégiques. Karin Keller-Sutter et Christian Lüscher étaient des candidatures tout à fait sérieuses pour remplacer, respectivement, Hans-Rudolf Merz en 2010 et Pascal Couchepin en 2009. Mais la Saint-Galloise a fait les frais de la tactique du président Fulvio Pelli, qui lui a mis la candidature de Johann Schneider-Ammann dans les pattes.

Karin Keller-Sutter, le retour

Le patron bernois fut élu à sa place grâce aux voix de la gauche, qui lui faisait plus confiance qu’à sa rivale. Mais on va de nouveau parler de Karin Keller-Sutter. Moins au moment du départ de Didier Burkhalter, la direction du parti souhaitant une candidature latine, que lorsque Johann Schneider-Ammann passera la main.

Réticente jusqu’à maintenant, elle ne pourrait accepter de se lancer que si elle a l’assurance de ne pas subir un second revers. Quant à Christian Lüscher, jugé trop à droite en 2009, son nom circule de nouveau pour remplacer Didier Burkhalter, mais il renoncera sans doute au profit d’une candidature tessinoise. Ignazio Cassis, qui avait recueilli 12 voix contre Johann Schneider-Ammann en 2010, fait figure de grand favori, mais l’ancienne conseillère d’Etat et conseillère nationale Laura Sadis ne ferme pas la porte.

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Jokers de l’UDC

Le cas de l’UDC est différent. En 2007, la conseillère d’Etat Eveline Widmer-Schlumpf fut la candidate secrète des anti-Blocher pour évincer le tribun zurichois. La manœuvre réussit. Depuis ce moment-là, le parti décida de présenter un candidat à chaque vacance. Jean-François Rime et Hansjörg Walter jouèrent ce rôle, de leur plein gré ou à l’insu de leur plein gré. Le Fribourgeois restera d’ailleurs dans les annales. Il détient le record de participations aux élections du Conseil fédéral. En 2010 et 2011, il s’est présenté à six reprises en joker de l’UDC, obtenant un total de 394 voix!

En décembre 2008, le Thurgovien Hansjörg Walter œuvra comme candidat non officiel du puissant lobby des agriculteurs et de l’aile modérée de l’UDC. Avec une seule voix de différence, l’ancien président de l’Union suisse des paysans est arrivé derrière Ueli Maurer au troisième tour de l’élection. En raison de la pression de son propre groupe parlementaire, il a alors annoncé qu’il refuserait une éventuelle élection.

Finalement le parlement accepta la candidature officielle de l’UDC, et c’est ainsi qu’Ueli Maurer fit son entrée au Conseil fédéral. Puis, en 2011, Hansjörg Walter fut officiellement nommé candidat par l’UDC pour tenter d’empêcher la réélection de la dissidente Eveline Widmer-Schlumpf. En vain. L’UDC dut attendre 2015 pour conquérir ce deuxième siège tant convoité, grâce à Guy Parmelin.

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