Le bitcoin s’invite au Grand Conseil vaudois. Sans beaucoup de succès toutefois, selon Julien Sansonnens, ancien député POP à l’origine de l’interpellation – «Quelle politique du bitcoin pour notre canton?» – à laquelle répond le Conseil d’Etat ce mardi. Si le gouvernement rend efficacement compte des lois qui entourent l’achat, la vente et le commerce de la monnaie virtuelle, l’informaticien de formation déplore le manque de vision des autorités.  

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«Le canton n'a pas encore saisi la révolution Bitcoin»

«Le détail de la réponse fournie par le Conseil d’Etat montre qu’un véritable travail a été fait», salue Julien Sansonnens. Il reproche cependant au gouvernement de manquer d’ambition et de déléguer la question au niveau fédéral. Dans sa réponse, le Conseil d’Etat indique en effet ne pas s’être doté d’une stratégie bitcoin, arguant que «les conditions-cadres à même de régir ce domaine et ses évolutions relèvent avant tout de la Confédération, voire d’accords internationaux». Or un positionnement local est possible, selon le dépositaire de l’interpellation.

Le modèle zougois

«Regardez Zoug, ils l’ont bien compris! Ils ont été plus malins et plus rapides que Vaud dans le domaine.» La petite ville suisse alémanique favorise en effet le secteur. Les paiements à l’administration peuvent ainsi être faits en bitcoins et le canton a acquis une renommée internationale pour ses colossales levées de fonds en cryptomonnaies. Et leur rapidité: en avril, l’entreprise zougoise Cosmos récoltait ainsi l’équivalent de 15 millions de francs en trente minutes.

Le phénomène est «très important pour Zoug, parce qu’il amène beaucoup d’innovation, des places de travail intéressantes et contribue à la renommée de la région», déclarait en août dernier le président de la ville au Temps.

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Le modèle zougois inspire Julien Sansonnens, qui aimerait bien voir le gouvernement vaudois prendre exemple sur ce canton: «La Suisse réunit un énorme savoir-faire dans le domaine de la finance et des hautes technologies, c’est une opportunité pour se positionner dans le secteur des cryptomonnaies. Le Conseil d’Etat vaudois ne comprend malheureusement pas la révolution en cours.»

Beaucoup d'attente jusqu'au Parlement

Déposée début mars 2017 (alors que le bitcoin s’échangeait à 1250 francs), l’interpellation de Julien Sansonnens a suscité une réponse en mai de la même année. Ce n’est toutefois que dix mois plus tard (alors que le bitcoin dépasse maintenant les 14 000 francs l’unité) que cette dernière est présentée oralement devant les députés. «Il est intéressant de constater son éjection successive des ordres du jour jusqu’à aujourd’hui, dénonce l’informaticien. Cela montre bien l’importance que la présidence du Grand Conseil accorde au sujet.»