L’école reprend lundi dans la majorité des cantons – au niveau national. La pénurie d’enseignants est vive outre-Sarine surtout, où les classes ne peuvent plus se passer de profs dépourvus de certificat pédagogique. En Suisse romande, l’intégration des jeunes réfugiés ukrainiens est mise en avant.

Les effectifs des élèves sont également en hausse en Suisse alémanique: dans le canton d’Argovie, pour la première fois plus de 80 000 enfants ont pris le chemin de l’école, 10% de plus qu’il y a six ans.

Des exemples de hausses d’effectifs

La Thurgovie compte 31 300 enfants et adolescents à la rentrée, en hausse de 2,2% par rapport à l’année précédente. S’y ajoutent 500 jeunes d’Ukraine accueillis temporairement, ce qui aboutit à une croissance totale de 4% des effectifs.

Dans le canton de Zurich, 31 500 enfants entreront pour la première fois au jardin d’enfants ou à l’école le 22 août. L’école obligatoire compte au total 157 500 élèves, 4500 de plus qu’il y a un an.

Un enseignant sur dix sans diplôme

De nombreuses écoles alémaniques ont dû engager du personnel enseignant supplémentaire ou sans diplôme correspondant. Dans le canton de Berne, un enseignant sur dix est dépourvu de certificat pédagogique. Des auxiliaires de classe épauleront les enseignants et la charge administrative sera réduite.

Le canton de Zurich a lui aussi engagé dans l’urgence des centaines d’enseignants auxiliaires. Des personnes sans diplôme pourront exceptionnellement donner des cours cette année.

La crainte des syndicats

Le Syndicat des enseignants romands (SER) et son pendant alémanique LCH ont tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière. La pénurie d’enseignants est «plus grave que jamais»: les écoles en Suisse encadrent de plus en plus les enfants au lieu de les former.

De nombreux aspirants jettent l’éponge peu après leur entrée en fonction. Ils se sentent dépassés par toutes les exigences qu’ils doivent pouvoir remplir en plus de leur mission d’enseignement proprement dite: trop de tâches administratives, beaucoup de consultations avec des institutions, intégration d’un nombre croissant d’enfants présentant des troubles du comportement.

La présidente de la LCH Dagmar Rösler reproche aux cantons, souverains en matière d’éducation, de n’avoir pas réagi à l’évolution démographique: de nombreux enseignants de la génération du baby-boom arrivent à l’âge de la retraite et le nombre d’élèves augmente. Cela était prévisible, estime Dagmar Rösler. A cela s’ajoute l’intégration des enfants d’Ukraine, ce qui complique encore la situation.

Notre article: «La qualité de l’éducation est en danger», estiment les enseignants avant la rentrée

A Neuchâtel, l’accent sur le numérique

La situation est plus détendue en Suisse romande. Neuchâtel par exemple a anticipé dès le début des années 2000 une éventuelle pénurie d’enseignants et augmenté le nombre d’étudiants à la Haute école pédagogique.

Pour la rentrée 2022, le canton mise sur l’éducation numérique, «un enjeu de société», selon les autorités. Plus de 600 enseignants ont été formés dans ce but.

Le nombre d’élèves à l’école obligatoire du canton va augmenter de 202 à la rentrée, mais ce chiffre serait resté stable sans l’apport des 193 Ukrainiens. Quarante autres enfants ukrainiens se trouvent dans les classes de premier accueil à Couvet et à La Chaux-de-Fonds. Stabilité aussi des effectifs dans les trois lycées cantonaux, qui accueilleront 2551 jeunes.

En Valais, le vivre-ensemble en avant

En Valais, les autorités rappellent le fort impact de la pandémie de Covid-19, qui a forcé la formation à s’adapter pendant plus de deux ans pour tenter d’offrir le meilleur enseignement aux élèves. Le canton souhaite renforcer le dispositif actuel.

Divers projets ont été développés au niveau de la scolarité obligatoire. Des «enseignants-ressources» pour le vivre-ensemble à l’école (ERVE) ont été engagés dans dix écoles primaires pour favoriser un bon climat scolaire, effectuer de la prévention et apporter leur aide aux élèves et enseignants. Un projet-pilote comparable sera mis sur pied au sein de deux cycles d’orientation.

Pour cette première rentrée sans plan de protection sanitaire, ce sont 54 000 élèves, apprentis et étudiants valaisans qui reprendront les cours de manière échelonnée.

Comparés aux années précédentes, les effectifs sont en légère augmentation pour les élèves de la scolarité obligatoire (+400) et les étudiants du secondaire II général (+100). Trois cents élèves ukrainiens seront intégrés en scolarité obligatoire.

Le Jura souligne aussi l’accueil des Ukrainiens

Dans le Jura, la rentrée mardi sera marquée comme ailleurs par la poursuite de l’accueil et l’intégration d’élèves ukrainiens.

Ce sont 8182 élèves, soit 76 de plus qu’un an auparavant, qui reprennent le chemin de l’école. Au niveau postobligatoire, 3200 jeunes reprendront les cours.

Un programme de prévention autour du harcèlement scolaire est mis en place. Le canton va aussi continuer à venir en aide aux élèves en situation de décrochage scolaire avec la classe Relais. Cette structure a accueilli l’an dernier une vingtaine de jeunes durant une période de 6 à 20 semaines. A l’instar de Neuchâtel, le Jura souhaite lui aussi mieux intégrer les outils numériques dans l’enseignement. Le Parlement devrait y donner son feu vert prochainement.

Les cantons de Fribourg, Vaud et Genève présenteront la rentrée scolaire 2022 ultérieurement.