Les ministres de l’Economie de Suisse occidentale sont inquiets. Dans une lettre adressée au président de la Confédération et chef de l’Economie Johann Schneider-Ammann le 27 juillet, dont Le Temps a pris connaissance, ils rappellent l’importance pour les hautes écoles et les chercheurs de rester connectés aux programmes européens de recherche Horizon 2020. Or, depuis le vote britannique du 23 juin, la menace d’en être exclus s’est accentuée.

Le Brexit «accroît l’instabilité économique» et «amenuise la possibilité de trouver rapidement une solution concertée avec notre partenaire européen», écrit le président de la Conférence des chefs de département de l’économie publique de Suisse occidentale (CDEP-SO), Pierre Maudet.

Après l’adoption de l’article constitutionnel sur l’immigration en février 2014, l’UE a conditionné l’accès à ces programmes de recherche à l’extension de la libre circulation des personnes à la Croatie. En juin, le parlement a lié cette extension à la recherche avec l’UE d’une solution migratoire compatible avec l'«ordre juridique suisse». Or, en raison du vote britannique, la pause estivale n’a pas permis de trouver cette solution concertée.

Stratégie invalidée

Les conseillers d’Etat des six cantons francophones, auxquels s’est associé Bâle-Ville, se sont réunis début juillet et ont décidé d’intervenir auprès du Conseil fédéral. «La stratégie décidée par le parlement, qui consiste à lier les dossiers, a été invalidée par le vote du 23 juin», argumente Pierre Maudet. «Nous espérons que le parlement, qui a été pris à son propre piège, détricotera le paquet cet automne. Les délais sont courts. Les recteurs nous disent que les hautes écoles risquent de perdre des fonds et d’être relégués en deuxième ligue», avertit-il.

Or, la Suisse occidentale tient à rester attractive pour des chercheurs et projets de pointe, comme le Human Brain Project, et refuse de se voir barrer l’accès aux concours et bourses européens. Et, contrairement à ce que prétend la droite nationaliste, le Brexit n’y change rien. Pierre Maudet ne conteste pas que les universités de Cambridge et d’Oxford occupent les premiers rangs dans les classements européens. Mais il reste persuadé que, même si elle sort de l’UE, la Grande-Bretagne soignera ses relations avec ses partenaires dans le domaine de la recherche. «Le compteur tourne. Nous voulons savoir comment le Conseil fédéral compte régler la question de l’extension à la Croatie dans les délais impartis afin de conserver l’accès à Horizon 2020», explique-t-il.