Ces cantons où les Verts vont cartonner
élections fédérales
Poussés par les préoccupations climatiques, les écologistes devraient logiquement progresser. Petit tour d’horizon de quatre cantons où le gain d’un siège, voire plus, est quasi assuré

Genève: l’heure de la revanche
Deux voire trois sièges au Conseil national et un siège au Conseil des Etats pour les Verts: c’est le pronostic ambitieux que font nombre d’observateurs de la vie politique genevoise. Alors que le canton dispose d’un fauteuil supplémentaire et que celui du MCG est menacé, l’heure de la revanche semble être arrivée pour les écologistes. En 2015, ils avaient perdu leur second siège à la Chambre basse au profit du PLR en n’obtenant que 11,5% des suffrages.
Rapports d’experts, mobilisation des jeunes: le climat est devenu une préoccupation massive ces derniers mois. «Dans ce contexte ultra-favorable, les Verts récoltent les fruits de ce qu’ils ont semé, estime Bertrand Buchs, ancien président du PDC genevois. Ils sont crédibles parce qu’ils ont toujours occupé ce terrain.»
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Locomotive du parti, Lisa Mazzone est aujourd’hui la seule élue verte au National. En tant que femme, jeune, dynamique et très médiatisée, elle ratisse large autour d’elle. Certains voient en elle une mascotte agaçante à l’image de Greta Thunberg, d’autres une femme engagée et moderne qui incarne l’avenir.
Si la vague verte fera sans doute gagner quelques pourcentages aux Vert’libéraux, elle ne devrait pas suffire à leur garantir un siège. Sans élu cantonal, le parti peine à décoller.
Vaud: le 19e siège dans le viseur
En quelques mois, Lausanne est devenue l’épicentre des luttes contre le réchauffement climatique en Suisse romande, en accueillant notamment, en août dernier, le sommet international Smile for Future. Les Verts vaudois devraient pouvoir profiter de cet élan pour augmenter leur nombre d’élus (aujourd’hui deux) au Conseil national. Il semble probable que le siège supplémentaire que le canton gagne à la faveur de sa progression démographique finisse dans l’escarcelle écologiste. «Il y a quatre ans, s’il y avait déjà eu 19 sièges, il serait revenu aux Verts», analyse le conseiller national Daniel Brélaz.
Selon la force de sa progression, il n’est pas impossible que le Parti écologiste aille même décrocher un quatrième fauteuil. Et cela pourrait être aux détriments d’une UDC fragilisée par la claque reçue lors de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat du début d’année.
Quant aux Vert’libéraux, ils devraient maintenir sans trop de souci le siège d’Isabelle Chevalley, seule élue romande du parti. Mais, faute d’un apparentement avec le PDC, il sera compliqué d’aller chercher un deuxième siège.
Pour le Conseil des Etats, les jeux sont ouverts. Alliée à la socialiste Ada Marra, Adèle Thorens tentera de reprendre le siège perdu il y a quatre ans par Luc Recordon au profit du PLR Olivier Français. «Il est difficile de pronostiquer qui arrivera en tête au premier tour», reconnaît Daniel Brélaz.
Valais: la promesse d’un siège
Souvent dépeint comme le canton anti-écologiste par excellence, le Valais n’est pas épargné par la vague verte. En cette année électorale, cela devrait se concrétiser dans les urnes, avec la probable élection, pour la première fois, d’un écologiste valaisan à Berne.
Les analystes politiques sont unanimes à ce sujet et leur avis est confirmé par le sondage publié par trois médias valaisans, mi-septembre. Les Verts sont crédités de 8,8% des voix. En progression de 3,9 points par rapport à 2015, le Parti écologiste est la seule grande force politique du canton à voir son score augmenter.
Cette poussée étonne Michael Hermann, le patron de l’institut Sotomo, qui a réalisé le sondage. «Il semble que désormais les mentalités ont évolué et je pense qu’on a déjà pu déceler ce virage lors du vote négatif sur les Jeux olympiques», analysait-il dans les colonnes du Nouvelliste. Après trois échecs consécutifs, Christophe Clivaz, la tête de liste des écologistes, semble le plus à même de décrocher ce potentiel siège de conseiller national.
L’arrivée des Vert’libéraux dans le paysage politique valaisan, pour ces élections fédérales, n’y changera rien. Jeunes, inexpérimentés et peu connus, ils n’enverront aucun de leurs candidats à Berne. Tout juste permettront-ils au PLR, avec qui ils sont apparentés, de grignoter quelques pour cent dans sa quête d’un deuxième siège.
Zurich: la reconquête attendue
Plus de Verts, moins d’UDC: le scénario qui s’est joué lors des élections cantonales de mars devrait se vérifier lors des élections fédérales, où l’on prédit, dans le canton le plus peuplé de Suisse, la perte d’un à deux sièges au parti de Christoph Blocher. Les Verts, emmenés par la présidente du parti cantonal Marionna Schlatter, candidate à la fois au Conseil national et aux Etats, sont bien partis pour reconquérir le troisième siège perdu au Conseil national en 2015. Selon les plus optimistes, ils pourraient même retrouver leurs forces de 2007, avec quatre députés.
Les Vert’libéraux, de leur côté, misent sur l’actuelle conseillère nationale Tiana Angelina Moser, cheffe de groupe au parlement, dans la course au Conseil des Etats. Mais selon un récent sondage, elle n’aurait aucune chance face aux deux sortants, le socialiste Daniel Jositsch et le PLR Ruedi Noser. En revanche, au Conseil national, les Vert’libéraux pourraient eux aussi remporter un à deux sièges et passer ainsi à quatre, voire cinq députés.
Ce parti, né en 2004 à Zurich d’une scission au sein des Verts, a toujours connu des hauts et des bas: il avait gagné neuf sièges d’un coup au parlement en 2011 après la catastrophe de Fukushima, avant d’en perdre sept en 2015. A Zurich, avec l’arrivée à sa tête du duo de trentenaires Nicola Forster et Corina Gredig, tous deux candidats au Conseil national, il tente de se profiler comme une force modérée, progressiste et ouverte à l’UE. Au début de l’année, le transfert fracassant d’une figure de la gauche, Chantal Galladé, suivie par le président du PS cantonal Daniel Frei, a encore renforcé cette aile sociale-libérale. De quoi lui attirer des voix d’électeurs centristes qui ne se retrouvent pas dans les traditionnels partis bourgeois.