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En cas de coupures électriques, les CFF réduiront drastiquement leur offre

La régie fédérale est le premier consommateur d’énergie du pays. Mais elle produit une bonne partie du courant qu’elle utilise. Si le Conseil fédéral contingente l’énergie, le réseau se réduira comme lors de la pandémie

Vincent Ducrot, directeur général des CFF, présente les résultats semestriels 2022 de la régie publique. Berne, le 15 septembre 2022. — © ANTHONY ANEX / keystone-sda.ch
Vincent Ducrot, directeur général des CFF, présente les résultats semestriels 2022 de la régie publique. Berne, le 15 septembre 2022. — © ANTHONY ANEX / keystone-sda.ch

«Alors que la phase pandémique se terminait, les CFF ont attrapé un nouveau virus qui s’appelle énergie.» C’est sur cette boutade que Vincent Ducrot, directeur général de la régie fédérale, a ouvert la conférence consacrée aux résultats du premier semestre 2022, ce jeudi matin à Berne. A vrai dire, ces chiffres (-142 millions de francs, soit une amélioration de 246 millions par rapport à 2021) intéressaient moins que les conséquences de l’actualité sur les CFF. On le sait: la conjugaison de l’agression russe en Ukraine, d’un été sec, d’usines nucléaires françaises à l’arrêt et d’un marché devenu fou rend l’approvisionnement énergétique du pays moins sûr que jamais. Le plus gros consommateur d’énergie du pays sortira-t-il indemne de l’hiver de tous les dangers?

Vincent Ducrot et son équipe de direction ont voulu rassurer: les CFF dépendent d’un tiers de l’énergie qu’ils consomment. Une réserve a été constituée en cas de défaillance des fournisseurs. La réouverture annoncée de centrales nucléaires françaises laisse toutefois espérer un approvisionnement électrique suffisant.

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Premier consommateur et cinquième producteur

Pour le reste, la régie fédérale génère l’énergie qu’elle consomme. Propriétaire d’infrastructures, elle est le cinquième producteur du pays. L’énergie utilisée est hydraulique à 90%. Elle provient de huit centrales électriques. La quasi-totalité du courant de traction nécessaire en est issue. La sécheresse estivale fait cependant craindre que cette production ne suffise pas, d’où les achats extraordinaires. Effectuées sur un marché dont les prix sont au plus haut, ces dépenses pèseront sur le bilan annuel, a prévenu Franz Steiger, le chef des finances, qui a articulé un chiffre pouvant varier entre 100 et 200 millions de francs.

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Un programme d’efficacité énergétique a été lancé en 2012. Malgré une hausse de l’offre, il permet d’économiser 500 GWh par an, soit la consommation de 120 000 foyers. Les nouvelles locomotives, a expliqué Vincent Ducrot, ont des moteurs plus économes. L’énergie dépensée lors des freinages est récupérée et injectée dans le réseau. Un système informatique a été développé qui permet au conducteur de traverser une onde verte, et d’éviter ainsi de devoir arrêter puis redémarrer son train, cette seconde manœuvre étant la plus énergivore.

Fini l’eau chaude

Des coupes ont également été décrétées, qui touchent le département immobilier des CFF. Baisse du chauffage, extinction des enseignes lumineuses, eau chaude coupée dans les bureaux. La direction concède que l’impact sur la consommation totale de l’entreprise est symbolique.

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Selon Vincent Ducrot, cette chasse au gaspillage a entamé le potentiel d’économies supplémentaires à court terme. Si la Confédération devait décider d’activer le plan national de contingentement d’énergie, c’est dans l’offre ferroviaire qu’il faudrait couper. Selon les calculs de la direction des CFF, une baisse de 15% du courant provoquerait une diminution de 30% de l’offre. Le réseau se retrouverait alors dans la configuration connue lors de la pandémie de coronavirus. Vu que la concession accordée aux CFF fixe le niveau de l’offre, sa direction ne peut pas d’elle-même décider de coupes; c’est l’autorité politique qui doit donner le signal. Le Conseil fédéral travaille actuellement à un plan sur quatre niveaux, qui prévoit des contingentements dans les phases tardives.

Des effets dans les gares

Si le Conseil fédéral devait activer ce plan, en plus de la réduction de l’offre, les passagers seraient affectés par des mesures touchant notamment les escaliers roulants et l’éclairage des boutiques dans les gares. «Mais nous ne voulons pas arriver trop vite avec des décisions qui ont un impact sur nos clients», a affirmé Vincent Ducrot. La reprise de l’activité des centrales françaises pourrait à elle seule les rendre inutiles. La météo des mois à venir fera également pencher la balance.

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Retour aux résultats semestriels. Malgré les premiers mois de l’année englués dans la crise sanitaire, le trafic passagers a regagné durant 2022 son niveau d’avant la pandémie, à la notable exception des pendulaires. Les manifestations de l’été (Fête de la lutte à la culotte, camp scout, Street Parade) ont nécessité 600 trains spéciaux. Par ailleurs, un plan visant à économiser 6 milliards de francs sur le fonctionnement de la régie d’ici à 2030 est en cours, a rappelé Franz Steiger. Avec la hausse des taux d’intérêt et un endettement de 11,3 milliards, le chef des finances a décrit la situation comme «peu confortable». Une aide supplémentaire a été votée par le parlement en juin dernier.