La cérémonie religieuse du Gothard surprend la communauté protestante
Cérémonie officielle
Le 1er juin, la cérémonie interconfessionnelle de bénédiction du nouveau tunnel de base réunira un abbé, un rabbin et un imam

A 21 jours de l’inauguration du tunnel de base du Gothard, le constructeur Alptransit, les CFF et l’Office fédéral des transports (OFT) ont fait le point mardi à Erstfeld (UR) sur le déroulement de la manifestation. Le Conseil fédéral in corpore, plus de 1000 invités, dont François Hollande, Angela Merkel et Matteo Renzi, ainsi que 300 journalistes sont attendus le 1er juin au portail nord ou au portail sud pour assister à l’ouverture officielle du plus long tunnel ferroviaire du monde. Avec ses 57 kilomètres, le Gothard devancera en effet le Seikan (Japon, 53,9 km) et l’Eurotunnel (50,5 km).
Mais un premier couac se produit: il concerne la bénédiction de l’ouvrage. Le scénario prévu est le suivant. C’est l’ancien abbé d’Einsiedeln, Martin Werlen, qui bénira le nouveau tunnel. Mais la cérémonie se veut interconfessionnelle. Le père Werlen représentera à cette occasion la Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse (CTEC), qui regroupe les Eglises catholiques chrétiennes et romaines, l’Eglise protestante ainsi que les mouvements luthériens, méthodistes et orthodoxes.
Il sera assisté du rabbin zurichois Marcel Ebel, désigné par la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI), et par l’imam saint-gallois Bekimi Alimi, délégué de la Fédération d’organisations islamiques de Suisse (FOIS). Les personnes sans appartenance religieuse n’ont pas été oubliées: c’est Pieter Zeilstra, chef de la division Sécurité de l’OFT, qui les représentera. En revanche, aucun délégué de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) n’est prévu, celle-ci étant membre de la CTEC.
L'explication officielle est la suivante. Le Département fédéral des transports (DETEC) a constitué un groupe de travail dans lequel ne figure qu'un représentant par communauté spirituelle, soit un chrétien, un juif, un musulman et un «sans confession». La cérémonie religieuse sera séparée de l'inauguration officielle. Elle se déroulera à 7 h 30 du matin, en présence de ouvriers. Et l'accent a été mis sur les «gens normaux» plutôt que sur les dirigeants des communautés religieuses. L'abbé Werlen y représente la CTEC, soit l'ensemble des religions chrétiennes.
La FEPS s’en étonne néanmoins. «Il s’était passé la même chose lors de l’inauguration du tunnel du Lötschberg. Nos membres avaient alors réagi. Cette année, nous avons été attentifs à la nécessité d’avoir un représentant de la FEPS sur place. Un mandat a été donné dans ce sens», commente la chargée de communication de la FEPS, Anne Durrer. Président de l’Entraide protestante suisse, l’ancien parlementaire fédéral et conseiller d’Etat Claude Ruey se dit, lui, «choqué. L’absence d’un protestant à cette cérémonie est une faute politique», s’étrangle-t-il.
Sous haute sécurité
L’inauguration du tunnel de base se fera sous haute sécurité. 2000 militaires sont mobilisables, l’espace aérien sera surveillé et les participants ainsi que leur matériel seront soumis à des contrôles stricts.
Un grand spectacle orchestré par le metteur en scène allemand Volker Hesse, celui-là même qui avait animé la cérémonie de percement de la galerie le 15 octobre 2010, se déroulera des deux côtés du tunnel. Il symbolisera visuellement et musicalement le mythe du Gothard, ses éléments anciens avec l’équipement ultramoderne de la nouvelle ligne ferroviaire transalpine, le combat de l’homme contre la pierre et le rapprochement nord-sud. Le spectacle associera 600 artistes et sera réalisé en collaboration avec l’Accademia Teatro de Verscio créé par Dimitri. De leur côté, les CFF, qui reprendront l’ouvrage des mains du constructeur Alptransit le 1er juin, en profiteront pour présenter des véhicules autonomes, des robots et des drones, symbolisant la mobilité du futur.
Devisée à 12 millions il y a un an, la manifestation d’inauguration coûtera finalement 9 millions, dont 8 financés par les crédits prévus pour les NLFA. Des sponsors financeront le dernier million. La Confédération dit vouloir faire de cet événement un instrument de promotion du savoir-faire helvétique.