Si vous souhaitez gagner de l’argent, mieux vaut chercher un travail au sein de l’administration fédérale. Et, en plus, les chances de trouver un job sont bonnes, vu que l’augmentation du nombre d’emplois y est, ces dernières années, supérieure à la moyenne nationale. Ce sont les conclusions, relayées ce dimanche par la SonntagsZeitung, d’une étude sur l’emploi dans le secteur public, effectuée par l’Institut de politique économique (IWP) de l’Université de Lucerne. Créé en décembre 2021, ce nouveau centre de recherche a pour objectif d’éclairer la population sur les grandes questions socio-économiques, tels les inégalités.

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Que l’administration fédérale offre de bonnes conditions salariales n’est en soi pas une surprise. Mais c’est l’écart qui frappe. Il est jugé «stupéfiant» par le journal dominical. En effet, selon l’étude lucernoise, les salaires des fonctionnaires fédéraux (la rémunération moyenne à 100% se monte à 117 176 francs) sont supérieurs d’environ un tiers à ceux dans le secteur privé. La différence se justifie en partie par le profil des jobs, la Confédération employant proportionnellement davantage de personnel qualifié. Au niveau fédéral, 45% des collaborateurs possèdent un diplôme universitaire et 24% ont suivi la filière de l’apprentissage. Dans le secteur privé, le ratio est quasiment l’inverse: 50% des personnes sont titulaires d’un CFC, alors que 27% ont fréquenté l’université ou une haute école.

Compétitivité des entreprises sapée

Mais cela n’explique pas tout. En effet, si l’on considère uniquement le salaire moyen des employés au bénéfice d’un diplôme universitaire, l’écart salarial entre l’administration fédérale et le privé est toujours de 13%. Interrogé par la SonntagsZeitung, le directeur de l’IWP, Christoph Schaltegger, considère que cette différence est fondamentalement problématique. «Dans la lutte pour les travailleurs qualifiés, l’État augmente les salaires et sape ainsi la compétitivité des entreprises privées», déplore le professeur d’économie politique. Des recherches vont être poussées plus en avant, afin de mieux comprendre le mécanisme de ces écarts, notamment grâce aux méthodes utilisées dans les analyses sur l’écart salarial entre hommes et femmes.

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L’étude de l’institut IWP n’a pas seulement mis en lumière les différences entre public et privé, mais également de forts écarts dans le poids de l’administration entre les cantons. Largement en tête du classement, les cantons urbains de Genève et de Bâle-Ville qui dépensent plus de 8500 francs par habitant pour leurs employés cantonaux et communaux. En bas de l’échelle, Argovie, canton le plus économe, paie moins de la moitié de cette somme. L’une des explications tient au fait que ces villes doivent assumer les charges de centre urbain, des infrastructures dont bénéficient également les régions environnantes. Mais pas seulement. Christoph Schaltegger «soupçonne qu’il y a un découplage croissant entre les citoyens et l’Etat dans ces villes, ce qui signifie que l’administration développe de plus en plus une vie propre.»