Publicité

Les CFF réorganisent le transport des bagages: 170 emplois supprimés

Les mesures préconisées par la régie fédérale devraient permettre d'économiser 15 millions de francs par année, sans licenciements

L'année démarre par un régime-minceur pour les CFF. La régie fédérale va devoir supprimer 170 emplois dans son service de transport des bagages, qui perd plus de 30 millions de francs par an. Un service pourtant pratique et considéré comme l'un des plus performants d'Europe: il permettait aux voyageurs d'amener jusqu'à 19 heures des bagages encombrants dans certaines gares et de les récupérer le lendemain, sur leur lieu de destination. Si le conseil d'administration des CFF a décidé de réduire drastiquement ce service comme l'a annoncé la SonntagsZeitung dans sa dernière édition, c'est parce que le service en question n'est, depuis de nombreuses années, pas rentable et qu'il doit respecter le programme d'économies de la Confédération. Le transport des bagages a fait perdre jusqu'à 32 millions de francs aux CFF en 2002, une somme importante en comparaison du déficit général de la régie qui a atteint 12 millions de francs l'année dernière.

La réorganisation annoncée entrera en vigueur le 4 avril prochain. Elle devrait permettre d'économiser 15 millions par année dans ce secteur déficitaire et ne devrait engendrer aucun licenciement. Les personnes touchées devraient être déplacées vers un autre secteur de l'entreprise et employées aux mêmes conditions.

Conséquences directes de la suppression de 170 emplois sur les 570 que compte le service: les délais de livraison seront prolongés. Les bagages encombrants ne devraient ainsi arriver que le surlendemain de leur dépôt sur leur lieu de destination. Par ailleurs, seules treize gares (contre 44 actuellement) assureront encore le transbordement des bagages: Bâle, Bellinzone, Berne, Bienne, Brigue, Coire, Genève-Aéroport, Interlaken-Est, Saint-Gall, Lausanne, Lucerne, Zurich et Zurich-Aéroport. Dans les quelque 300 autres gares sur les 750 où il est possible de déposer ses bagages, les valises seront donc acheminées par la route. La réorganisation concerne également les personnes qui jusqu'à présent pouvaient, dans plusieurs dizaines de gares, faire enregistrer leurs bagages destinés à prendre place dans la soute d'un avion, jusqu'à cinq heures avant son départ. A partir du 5 avril, il en sera autrement. Il faudra s'y prendre minimum douze heures avant le décollage de l'avion. Le prix du transport des bagages restera lui en principe inchangé: 10 francs l'unité.

Un concept remanié

Roger Baumann, porte-parole des CFF, assure que cette restructuration ne devrait pas causer beaucoup de désagréments aux utilisateurs, le comportement des voyageurs ayant beaucoup changé depuis quelques années: ils se déplacent de plus en plus avec de petits bagages ou valises sur roulettes, qu'ils prennent directement avec eux. Le volume de bagages transportés par les CFF ne représente effectivement plus qu'un tiers de ce qu'il était il y a dix ans. Pour ce qui est de la prolongation des délais, Roger Baumann rappelle que celui de 24 heures pour le transfert des bagages n'était jusqu'à présent valable que sur le réseau CFF. Lorsqu'un trajet passait également par une compagnie régionale, le délai était déjà de 30 heures environ.

Reste que la réorganisation prévue poussera les CFF à recourir massivement au transport routier pour acheminer les bagages, au détriment du rail, une situation que déplore la SonntagsZeitung. De 3% à l'heure actuelle, elle chiffre à 20% et peut-être même davantage la part future du nombre de kilomètres parcourus sur la route par les bagages. Interrogé par le journal, le conseiller national socialiste Peter Vollmer, directeur de l'Union des transports publics (UTP), est dépité. Il craint que de plus en plus de voyageurs boudent désormais le train comme moyen de transport pour partir en vacances.

En 2000, les CFF s'apprêtaient déjà à remanier leur concept de service des bagages, avec pour intention de réduire le nombre des gares de transbordement de 44 à 26. Mais le concept avait été freiné et jugé irréalisable, La Poste ayant refusé de collaborer en participant au transport par la route.