Ne pas cacher la poussière sous le tapis, mais la regarder pour pouvoir tourner la page. C’est le principe adopté par Charles Kleiber, qui marquait mardi les cent jours de son entrée en fonction comme président du conseil d’administration de l’Hôpital du Valais. Il revenait sur la crise qui a frappé l’institution, critiquée de toutes parts ces deux dernières années. Avec l’espoir d’y mettre un point final.

Vincent Bettschart, chef du service de chirurgie du Centre hospitalier du centre du Valais (CHCVs), avait été dénoncé dans la presse pour avoir opéré en regardant des matchs de football en été 2010. Le chirurgien Daniel Savioz avait ensuite transmis certains des dossiers de son collègue à un confrère genevois pour examen. Depuis, Daniel Savioz a été licencié alors que le nouveau conseil d’administration réitérait hier sa confiance à Vincent Bettschart.

«Les trois sages, trois médecins suisses reconnus, qui épaulent le conseil d’administration dans ses décisions, se sont penchés en détail sur cette affaire, explique Charles Kleiber. Le professeur Bettschart s’est excusé et il a été suffisamment puni par les dégâts causés à son image.» Les trois experts ont examiné ses qualités de chef de service et de chirurgien pour conclure qu’ils pouvaient lui faire confiance.

L’heure n’est plus à la reconnaissance des fautes commises. Charles Kleiber insiste plus volontiers sur les enseignements tirés de cette affaire, qui ont incité le conseil d’administration à instaurer un programme de médiation pour recevoir les plaintes des patients, et à parfaire son système qualité. C’est que Vincent Bettschart est «irremplaçable», reconnaît Charles Kleiber. «Les dégâts hospitaliers et sanitaires seraient considérables s’il s’en allait.»

L’affaire Savioz-Bettschart n’est pourtant que le symptôme d’une crise de confiance beaucoup plus profonde. Monique Lehky Hagen était le fer de lance des voix critiques, celle qui s’est engagée contre l’entrée en vigueur de la loi sur les établissements et institutions sanitaires (LEIS) en automne dernier. Et a gagné devant le peuple contre le conseiller d’Etat Maurice Tornay. Hier, c’est vêtue d’un tailleur blanc qu’elle est montée sur l’estrade pour défendre l’organigramme élaboré par le conseil d’administration, dont elle fait désormais partie. «La dame en blanc», l’a introduite malicieusement Charles Kleiber, soulignant la ferveur de son engagement.

L’Hôpital du Valais comptera un directeur médical pour le Haut-Valais et un pour le Bas, lesquels seront dorénavant intégrés à la direction générale, un directeur général issu des milieux médicaux et un directeur financier. Les quatre postes sont mis au concours dès aujourd’hui, après le départ de deux cadres vivement critiqués, Dietmar Michlig et Philippe Eckert (LT du 24.01.2012).

Pendant la campagne contre la LEIS, Monique Lehky Hagen réclamait une représentation des médecins dans la direction de l’hôpital pour une meilleure écoute des besoins du terrain ainsi que le respect du bilinguisme. Elle a obtenu une partie de ses revendications. «Je suis entendue, puisque nous sommes en train de centrer l’organisation de l’institution sur les besoins des soignants, de créer une culture hospitalière qui faisait défaut dans la direction précédente. Mais je ne suis pas là pour obtenir, plutôt pour bâtir quelque chose avec l’entier du conseil», précise-t-elle sur un nouveau ton consensuel.

De son côté, Charles Kleiber affirme avoir été convaincu qu’il fallait travailler en ce sens, reconnaissant sans le dire une partie des revendications des opposants. Il a, par contre, inclus l’Hôpital de Rennaz dans l’organigramme de l’Hôpital du Valais en tant que partenaire, alors que ce futur établissement du Chablais vaudois, financé par le Valais et le canton de Vaud, était un sujet de tensions. Perçu comme un gouffre à deniers qui allait dégarnir les hôpitaux valaisans et favoriser les patients chablaisiens, il était un des arguments des opposants à la LEIS. Charles Kleiber a encore lancé une étude sur la fusion des deux hôpitaux haut-valaisans de Viège et Brigue. Le tout sans faire de vagues pour l’instant.

La «crise de croissance», selon le mot de Charles Kleiber pour définir la guerre régionaliste qui a déchiré les hôpitaux valaisans, paraît calmée. Mandaté jusqu’en décembre 2013, l’ancien secrétaire d’Etat à l’Education et à la Recherche retire ainsi une embûche sur le chemin de Maurice Tornay.

Il se tait en revanche au sujet de l’incendie qui couve au Service de médecine pénitentiaire. Ce dernier avait mis fin au contrat qui le lie aux prisons valaisannes pour juin 2012. Une prolongation est en discussion, en attendant de trouver une solution au conflit entre le Service des établissements pénitentiaires, dépendant de la conseillère d’Etat socialiste Esther Waeber Kalbermatten, et celui de la Santé, géré par le PDC Maurice Tornay. Cette poussière-là restera pour l’instant sous le tapis.

«Le professeur Bettschart s’est excusé de l’erreur commiseet il a étésuffisamment puni»