Nous avions des ambitions, mais pas d’objectifs chiffrés. En adressant, via la plateforme Smartvote, notre charte écologique aux 1047 candidats romands aux élections fédérales de dimanche, nous ignorions quelle allait être leur réaction.

Huit semaines plus tard, 239 candidats ont répondu aux 30 points que compte le document. Soit 23% des personnes ciblées. Est-ce une proportion décevante? Difficile à trancher, puisque l’opération est une première pour nous et pour l’ensemble des médias suisses.

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Relativiser, alors? Voici deux objets de comparaison. Cent seize candidats romands ont répondu au questionnaire de la Cicad (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation). Un taux de réponse de 11%. Autre thème, autre sollicitation: au baromètre de la numérisation, lancé par l’association Swissco, 828 des 4592 candidats inscrits au niveau national ont répondu, soit un taux de participation de 18%.

Quarante sondages, au moins

Nous aurions pu faire un meilleur score. Nous nous attendions à plus, au regard de l’ampleur de la démarche et de notre engagement, comme de celui des centaines de Romands qui ont participé à l’élaboration de cette charte. Mais ce qui est sûr, c’est que nous avons sous-estimé à quel point les candidats sont sollicités durant les semaines qui précèdent l’élection. «Pas vu.» «Pas eu le temps.» «Pas intéressé.» C’est ce que nous avons plusieurs fois entendu, depuis fin août. L’un des répondants à la charte, Samuel Bendahan, conseiller national socialiste vaudois, a décompté une quarantaine de sondages et de questionnaires divers qui lui ont été soumis dernièrement. «Et c’est sans compter les demandes individuelles que je reçois par e-mail.»

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Beaucoup de questions et d’interpellations, donc. Sur à peu près tout et, parfois, en allemand. «Je fais l’effort de répondre à tout, assure Samuel Bendahan. Sauf à ce que je n’ai pas vu et à ce qui provient d’organisations dont je ne partage pas du tout les idées.» S’il est rigoureux dans ces démarches, c’est parce qu’il les considère comme particulièrement importantes. «Enthousiasmantes», ajoute-t-il. Un questionnaire ou une charte en disent plus sur les idées d’un candidat et sont «plus constructifs qu’une coûteuse campagne d’affichage».

Beaucoup de sympathisants

Un candidat romand sur quatre a répondu à notre charte. Dans le détail, les plus prompts à l’avoir fait, ce sont les Verts et les Vert’libéraux. Au final, ils sont respectivement 58 et 37 personnes.

Viennent ensuite les socialistes et les Jeunes socialistes, avec 44 réponses, soit un candidat sur six. Les PDC (28 réponses) et les libéraux-radicaux (17) ont été un peu moins nombreux. Dans cette liste des principaux partis, les UDC ont été les plus réticents à se prononcer sur ces questions environnementales. Ils ne sont que quatre, soit 3% des candidats romands UDC engagés, à avoir réalisé l’exercice.

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Les 30 propositions ont recueilli, en moyenne, 95% de oui. L’option «oui +», qui engage les candidats à lancer personnellement une intervention ou une initiative parlementaire sur un sujet, a été cochée dans plus de 50% des cas. Le taux d’acceptation est extrêmement élevé. Ou, autrement interprété, ce sont surtout les sympathisants de la cause climatique qui ont pris part à notre démarche.

Un engagement à long terme

Dans un prochain épisode, le premier de l’après-vote, nous analyserons les réponses de ceux qui ont été élus ce dimanche. Ce sera le début de la deuxième étape: confronter les parlementaires à leurs engagements. Non pas les dénoncer, mais leur demander des explications, si leur parole n’est pas suivie par des actes sous la Coupole.

C’est en cela que notre démarche se distingue de celle des lobbies et autre groupes de pression qui sondent les candidats. Cette différence, nous en sommes convaincus, motivera plus de politiciennes et politiciens à répondre à la charte que nous ne manquerons pas d’élaborer pour les fédérales de 2023.

Correction du 17 octobre: 3% des candidats UDC romands ont répondu à la charte, et non 5% comme indiqué précédemment.