Le Temps: Qu'est-ce que le GHB, également appelé «drogue du violeur»?

Christian Lüscher: Les initiales GHB signifient «Gamma hydroxy-butyrate». Il s'agit d'une molécule qui a été synthétisée pour la première fois en 1961, par le chercheur français Henri Laborit. Initialement, le GHB a été développé comme anesthésique. Mais par la suite, la molécule a été utilisée comme drogue à des fins récréatives.

– Quels sont ses effets?

– Dans un premier temps, le GHB désinhibe les consommateurs. On se sent bien, en confiance, proche des autres. Ensuite vient l'effet sédatif: un état de fatigue intense, puis l'endormissement. Absorbé à forte dose, le GHB induit un coma. Et en se réveillant, le consommateur souffre d'amnésie.

– Pourquoi l'appelle-t-on aussi «drogue du violeur»?

– Le consommateur ne se méfie pas de son éventuel agresseur, puisque le GHB lui procure un sentiment de confiance vis-à-vis de son entourage.

Une fois endormi, il perd tout contrôle de ses actes.

Dès lors, l'agresseur peut agir tout en sachant qu'après l'agression, la victime ne se souviendra de rien.

– Quel est l'effet du GHB au niveau du cerveau?

– Le GHB se lie aux récepteurs particuliers présents sur toute cellule nerveuse et diminue leur activité. Cependant, nous avons pu démontrer que le GHB désinhibe le centre du plaisir et entraîne une libération de dopamine. Ceci procure le plaisir très intense qui est commun à toutes les drogues, ainsi qu'un effet de dépendance et d'addiction.

– Peut-on qualifier le GHB de nouvelle drogue à la mode?

– Oui, contrairement à d'autres drogues, comme l'héroïne, le GHB est très populaire dans les grandes manifestations comme la Lake Parade. Relativement bon marché, il est facile à se procurer sur le marché, où on le trouve également sous l'appellation de «liquid ecstasy» et de «liquid g».

– Comment se prémunir?

– Le GHB est une drogue liquide, qui se mélange facilement aux boissons. Comme elle est incolore et qu'elle n'a pas de goût particulier, on ne peut pas l'identifier dans une boisson, si elle a été introduite à son insu. La seule façon de se prémunir est de se méfier de ce que l'on boit.

– Une fois consommé, peut-on le détecter?

– A priori, oui. Mais la molécule GHB est aussi produite par le cerveau comme neurotransmetteur, ce qui complique les choses. Comme l'organisme métabolise très rapidement la substance, il est difficile de la détecter.