Hubert Monnard, syndic de Mont-sur-Rolle, scrute les cumulus au pied du Jura: «Ce serait dommage que ça tombe après toutes ces semaines de beau.» Mais «ça» ne tombera (presque) pas en ce grand jour pour les autorités montoises, qui reçoivent Christoph Blocher. Il a été précédé d'une escouade de militants du Comité 2 x NON aux votations du 24 septembre sur l'asile et les étrangers, plus quelques opposants bien inoffensifs. Parqués, cependant, un peu à l'écart.

Le cordon de sécurité se met en place: les hommes en noir de Berne, la gendarmerie, des pompiers, des Securitas et une phalangette de l'ER art 231 descendue de Bière. Ils surveillent du coin de l'œil un fameux folkloriste, qui arbore sur son tee-shirt ce message encourageant: «Pour économiser votre revolver, votez Ted Robert.» Il vitupère de front contre ces gens qui «gâchent la fête: c'est dégueulasse ce que vous faites!». Alors qu'ils se contentent de distribuer quelques tracts et font voter pour la meilleure étiquette du concours «Cuvée Blocher-sur-Rolle».

Peur de l'autre?

«Je suis bien placée pour le photographier», exulte une Britanno-Suisse au moment où la star fait son entrée vers 20 heures, sous un tonnerre d'applaudissements: «Il est petit, mais il a l'air bonnard comme tout!» commente cette autre dame. Bain de foule pour le tribun zurichois et Madame, qui aiment cela.

Avant de monter sur l'estrade, Christoph Blocher a tombé le veston sur sa chemise aux manches courtes et écouté la pasteure Sarah Golay: «Si la Suisse n'était qu'une vaste équipe de foot, serait-elle celle qui a peur de l'Autre?» Allusion à peine voilée au prochain scrutin fédéral, que le conseiller fédéral évoque indirectement, lui aussi, dans une tirade qui met les rieurs de son côté: «J'ai passé trois semaines à Céligny l'an dernier, donc je m'excuse pour mon accent genevois.» Et, plus solennel: «Chaque fois que la Suisse s'est tournée vers les grandes puissances étrangères en oubliant sa neutralité, cela a toujours été sans succès. Il faut rester maître en son propre pays!» Déluge d'applaudissements. Et re-bain de foule, autographes par dizaines, le triomphe devant quelque 1200 personnes. «Oui, entend-on dans le public, il est très populaire, c'est ce qui désarme ses adversaires.»