Christoph Blocher est officiellement propriétaire de la Basler Zeitung. Le conseiller national UDC a confirmé son engagement dans le quotidien bâlois. Il a racheté, par le biais de sa société Robinvest, 20% du capital-actions du groupe Basler Zeitung Holding au groupe MedienVielfalt (MVH) de Tito Tettamanti. Ce qui représente un investissement de 306 000 francs. Parallèlement, Robinvest reprendra un prêt de 40 millions accordé par MVH à la BaZ.

Ces opérations placent aux avant-postes l’homme qui jusqu’ici se contentait de tirer les ficelles dans l’ombre. Son seul rôle avoué était celui de «garant» pour les pertes du groupe. MVH possédait 100% des actions de BaZ Holding. Mais personne ou presque ne doutait des réels jeux de pouvoir. Reste à éclaircir les motivations de ce changement de cap. Pour Christoph Blocher, il s’agit d’une «récompense», voulue par MVH, en raison du travail d’assainissement du groupe accompli par ses soins. «Ce journal va vers le succès. J’ai toujours répété mon intérêt pour un quotidien de qualité indépendant des grands groupes qui définissent les idées dominantes.» Il promet de rester distant des choix rédactionnels «d’un titre qui offre déjà la meilleure couverture de politique intérieure», placé depuis 2010 sous la direction de Markus Somm, son biographe.

Le «journal nu»

Proposé au conseil d’administration du groupe, le parlementaire a misé de longue date sur un «journal nu», avec une rédaction et un éditeur, allégé de toutes les fonctions annexes. Il s’est donc profilé comme acquéreur providentiel des immeubles propriété du groupe. Parallèlement, il a fermé l’imprimerie de la BaZ et confié cette tâche au concurrent Tamedia. Un paradoxe? «Nous avons choisi la meilleure offre parmi celles avancées. La même chose pour le journal du dimanche [les abonnés reçoivent la SonntagsZeitung, propriété de Tamedia, ndlr].» Aujour­d’hui, le Zurichois mise sur un exercice dans le noir pour fin 2013. Un lectorat et un chiffre d’affaires en recul (–14%), tout comme une perte opérationnelle de 10,8 millions en 2012, ne le découragent pas, car «le groupe n’a plus de dettes». Il cite Schiller pour croire au «renouveau qui éclôt des ruines». Avant de préciser: «Avec ou sans moi, la BaZ ne serait pas restée en mains bâloises.»

En février 2010, la famille Hagemann avait vendu le groupe à Tito Tettamanti. Les rumeurs autour du rôle de Christoph Blocher s’étaient répandues, nourries par le choix de Markus Somm. Mis sous pression par les Bâlois en colère, Tito Tettamanti revendait le groupe à Moritz Suter. L’ex-patron de Crossair restait muet sur l’origine de ses fonds, mais promettait n’avoir aucun lien avec le Zurichois. Jusqu’en décembre 2011: on apprenait que les actions étaient bel et bien propriété des Blocher.

Une nouvelle femme se propulse dans les hautes sphères du groupe Ringier. Christine Maier, journaliste vedette du petit écran (Der Club, 10vor10) sera la rédactrice en chef de l’hebdomadaire SonntagsBlick dès novembre. En février, la nomination d’une première rédactrice en chef ad interim, Andrea Bleicher, à la tête du Blick avait fait couler beaucoup d’encre en Suisse alémanique. (A. Fo.)