Claude Roch: «Durant la campagne, on en est resté à l'image d'un Valais baroudeur»
VALAIS
Président de Port-Valais et cadre chez Nestlé, le candidat radical au Conseil d'Etat plaide pour un renforcement de l'économie cantonale.
Le candidat officiel Claude Roch termine une campagne d'un mois qui doit le porter au Conseil d'Etat pour le Parti radical valaisan. Le président de Port-Valais est un homme de consensus, dont les objectifs politiques prennent moins la forme d'une opposition à la majorité démocrate-chrétienne, que d'une défense de la collégialité et d'un renforcement de place économique valaisanne. A trois jours des résultats, il répond à nos questions.
Le Temps: Avec l'affaire anti-Gay Pride, pensez-vous qu'aujourd'hui en Valais, plus qu'ailleurs, souffle un vent d'intolérance contre la marginalité?
Claude Roch: Qu'elle vienne de tout bord, je n'approuve la provocation sous aucune forme. Je prône la tolérance et le respect d'autrui, qui font partie de l'éthique chrétienne que nous connaissons.
– N'y a-t-il pas eu tout de même un dérapage dans cette affaire?
– Ce n'est pas la première fois qu'on le constate et ce n'est pas acceptable. J'espère que les Valaisans sauront corriger. Je n'accepte pas non plus que ce genre de publicité aille dans tous les sens et montre du doigt par exemple les divorcés!
– Vous qui venez du bout du lac, qui travaillez dans une multinationale, comment vous sentez-vous aujourd'hui dans le milieu politique du Valais central, où la culture politique est plus rude, plus conflictuelle?
– J'aimerais rappeler un slogan de la commune de Port-Valais, au carrefour de trois cultures: la nonchalance savoyarde, la bonhomie vaudoise et la fierté valaisanne. D'une certaine façon, j'entends faire souffler l'esprit du lac. J'amène des connaissances dans les domaines financiers et dans les réalités politiques du plan communal. Pour moi, il s'agit d'amener le débat d'idées dans le respect des personnes. Autrement dit, sans autre prétention, maintenir la paix civique.
– Par le passé, on a vu le Parti radical jouer un rôle plus actif dans l'opposition et la critique du conservatisme valaisan. Il semble aujourd'hui que ce soit de moins en moins le cas. Pour quelles raisons?
– Comme parti minoritaire, le PRD se sent la nécessité de faire un peu d'opposition. Rappelons qu'il a favorisé le partage du pouvoir en 1997 et 1999 avec l'arrivée et le maintien d'un socialiste. Cela a créé un certain nombre de turbulences dans le parti, ce qui fait qu'il doit aujourd'hui se reconstruire une nouvelle identité.
– Il y a deux ans, le Parti radical soutenait le siège socialiste au gouvernement. Il y a trois semaines, pour le Grand Conseil, il s'alliait avec les libéraux. Et enfin aujourd'hui, c'est l'UDC et la droite du PDC qui soutiennent son candidat officiel. Comment les troupes radicales s'y retrouvent-elles?
– La nouvelle identité est celle d'un parti de centre droit. Dans la manière, il ne s'agit pas de critiquer des personnes; et dans les faits, le parti développe un sentiment conflictuel moins intense contre la majorité. Je dois rappeler que le Parti radical représente environ 500 élus en Valais, dont 32 députés sur 130 au Grand Conseil. C'est une implantation qui justifie largement notre présence au gouvernement.
– Si vous êtes élu, en quoi cette présence apportera-t-elle une touche personnelle ou divergente face à la majorité démocrate-chrétienne au gouvernement?
– J'espère amener mon expérience, notamment celles de mes voyages à l'étranger, de mon travail dans une grande entreprise ou encore du fonctionnement d'une commune qui a réalisé de grands projets. Dans ce sens, je défends une économie forte avec des finances saines et une formation de qualité. Dans l'économie privée, on défend des objectifs précis qui doivent être atteints et contrôlés.
– Vous vous présentez comme un candidat soucieux des questions économiques et financières. Avez-vous l'impression, durant cette campagne, qu'elles ont été un enjeu important des débats?
– Non, je n'en ai pas l'impression.
– Pourquoi?
– Il faut demander cela aux journalistes qui organisent les débats. On en est resté à une image du Valais baroudeur. Peut-être que certains estiment que ces questions relèvent de l'autorité, et regardent moins les citoyens.
– D'une manière globale, comment appréciez-vous l'Etat des finances cantonales, l'endettement ou la forte dépendance du canton à l'égard de Berne?
– Avec le temps, il faut redéfinir, voire bousculer la nouvelle péréquation fédérale, pour à la fois bloquer l'endettement du canton et maintenir à long terme des investissements productifs. Autrement dit, il faut permettre une économie plus forte qu'aujourd'hui, ce qui aura pour conséquence à moyen ou à long terme de se distancer de la Berne fédérale, d'être meilleur et davantage indépendant.