Accord de Paris
En mars dernier, l’UDC a tenté de torpiller la ratification par la Suisse de l’Accord de Paris sur le climat. Le débat n’est pas terminé

Donald Trump a des alliés en Suisse. En mars dernier, la ratification de l’Accord de Paris n’est pas allée de soi. Le Conseil national s’est longuement écharpé sur la question. Débat largement alimenté par les salves en provenance du camp UDC. A commencer par celles de Toni Brunner (SG), son ancien président, qui s’est demandé si on allait interdire aux vaches de «roter et de péter». Poursuivant sur cette lancée, Werner Salzmann (BE) a aussi interpellé les écologistes sur un éventuel remède pour modifier le système digestif des ruminants afin qu’ils émettent moins de méthane.
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Andreas Glarner (AG) a rappelé la grande affaire des années 1980: la mort des forêts. «Une escroquerie! A cause de ça, on a limité la vitesse à 120 kilomètres sur nos autoroutes et on roule toujours à ce tempo!» Pour Christian Imark (SO), le dérèglement climatique n’est rien d’autre qu’un «fait alternatif». Raymond Clottu (NE) a lancé une autre idée: «Il faut aborder le problème là où il se trouve réellement, c’est-à-dire au niveau de l’accroissement de la population». Roger Köppel (ZH) a tenté de dédramatiser la situation: «Les températures étaient encore plus élevées au temps de l’Empire romain».
Vote serré
Cette avalanche de réactions clairement orchestrée n’a pas influencé le Conseil national. Par contre, le vote a été beaucoup plus serré lorsqu’il s’est agi de définir l’objectif. Le PLR et l’UDC ont uni leurs forces pour revoir à la baisse les ambitions helvétiques. Le Conseil fédéral a promis à Paris de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990, dont 30% sur le territoire national. La droite a tenté de diminuer l’effort à consentir sur sol suisse. En comparaison, le «Clean Power Plan» de Barack Obama visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% d’ici 2025 par rapport à 2005.
En Suisse, le débat est loin d’être terminé. Le Conseil des Etats doit encore approuver l’Accord de Paris. Il en discutera le 7 juin prochain. La Commission compétente ne remet en question ni la ratification, ni l’objectif fixé. Ce cap franchi, le prochain obstacle pour la conseillère fédérale Doris Leuthard sera la loi sur le CO2, chargée de concrétiser les promesses faites sur papier. Avec quels moyens? Ce sera une autre paire de manches.