Plus compliqué: pour certains, la droite devrait se préparer au «Département présidentiel» que la nouvelle Constitution créera en 2007. Jean-Claude Mermoud devrait donc se déplacer vers le Département des institutions et relations extérieures (DIRE) en arguant de son droit d'ancienneté pour le prendre à Pierre Chiffelle. Mais les deux départements transversaux (Finances et Institutions) se trouveraient dans le même camp, l'équilibre du programme de législature serait rompu et son avenir passablement compromis. Finalement, et dans une filiation que tous deux ont d'ailleurs établie, François Marthaler a toutes les chances de succéder à Philippe Biéler et de reprendre le DINF.
Aucune rocade d'ailleurs ne comblera l'évident fossé du Conseil d'Etat: celui des générations. En politique elles se succèdent vite, dépendant moins de l'âge que des références. Or, Jacqueline Maurer et Charles-Louis Rochat surgissent du passé. Tous deux sont d'ex-députés disciplinés, propulsés au Conseil d'Etat par la notoriété de la présidence du Grand Conseil, doublée pour l'une de la maladie de son prédécesseur Jacques Martin, pour l'autre de la cacophonie de socialistes acharnés à évincer Jean Jacques Schwaab. Jean-Claude Mermoud vient de plus loin encore, du coup de force contre Pierre-François Veillon, et du sursaut des campagnes face à l'affront fait à «leur» représentant. Aucun n'a planifié une telle carrière. Leurs volontés réformatrices sont faibles, même la majorité 5-2 que tous trois ont connue leur a moins donné d'envies que de nostalgie de temps moins incertains.
Ce qui n'est pas le cas des benjamins. Député à 25 ans, conseiller d'Etat à 37, Pascal Broulis a autant voulu son siège qu'un recentrage radical ouvrant au parti de nouvelles possibilités manœuvrières. Sans les éclats de voix de son prédécesseur, il est arrivé à un budget qui utilise cet espace, et il ne part pas battu dans son combat pour l'impôt successoral. Le parcours atypique d'Anne-Catherine Lyon se remarque. Même face aux institutions sociales, elle n'abdique pas devant le dogme de la subvention automatique. Plus surprenant, Pierre Chiffelle tient le flanc gauche. Lui qui a écarté de son chemin Jean Jacques Schwaab et Francine Jeanprêtre reste légaliste sur le front de l'asile. François Marthaler s'annonce comme un renfort dans ce camp-là. Succédant à un Philippe Biéler usé, aux ambitions politiques réduites de longue date au M2, il a d'emblée mis les choses au point. Face aux manifestations des fonctionnaires, c'est le conservatisme de la fonction publique qui l'étonne.
Il y a peut-être un avenir financier dans le développement durable. En attendant, libéraux et radicaux doivent songer à ce progressisme-là en préparant les élections à venir. Les premiers en regrettant d'avoir grillé Jacques-André Haury dans une inutile primaire interne en 2001, les seconds en cherchant activement de la relève. On pourra reparler d'oppositions idéologiques quand les réformes structurelles (institutionnelles, hospitalières, d'agglomération…) de ce canton auront été faites.