Les masques feront partie des fournitures indispensables de la rentrée scolaire romande pour les élèves et les collaborateurs du secondaire II, autrement dit le collège, l’école de commerce et l’école de culture générale. Après Neuchâtel, qui avait déjà annoncé une telle mesure en début de semaine, les cantons de Genève, Vaud et du Valais ont communiqué vendredi. Le Tessin, Fribourg ou encore le Jura devraient suivre. Car les cantons latins membres de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP) ont défini conjointement leur concept de protection pour cette rentrée extraordinaire.

Leur objectif? Permettre un retour en classe le plus proche possible de la normale, tout en évitant d’éventuelles mises en quarantaine, voire des fermetures de classes. A travers le port du masque, il s’agit donc d’assurer la tenue des cours en présentiel et en classe entière, mais aussi de garantir la protection des élèves et des professeurs lorsque la distance de 1,50 mètre ne peut pas être respectée. «C’est dans le respect des recommandations de la Confédération et des médecins cantonaux que les cantons membres ont défini les contours de la rentrée scolaire», lit-on dans le communiqué de la CIIP, qui précise également que les scénarios retenus seront «évalués et adaptés en fonction de l’évolution de la pandémie».

Même si de légères différences existent d’un canton à l’autre, la rentrée sera donc abordée sur la même longueur d’onde en Suisse romande. «Nous sommes allés relativement loin dans le port du masque et prenons ainsi le maximum de précaution pour éviter une nouvelle vague, indique Christophe Darbellay, chef du Département valaisan de l’économie et de la formation. Cela devrait également nous éviter de devoir changer plusieurs fois de stratégie concernant les protections à mettre en place en milieu scolaire si la situation devait évoluer.»

Coût des masques à la charge des élèves

Qui assumera le coût des masques à l’école? Si en Valais, ils seront mis gratuitement à disposition, durant la première semaine de cours uniquement avant d’être à la charge des étudiants, à Genève, la gratuité des masques chirurgicaux, offerte aux étudiants ainsi qu’aux collaborateurs, sera proposée lors des deux premières semaines de cours. «350 000 masques ont d’ores et déjà été réservés à cet effet, détaille Guylaine Antille, secrétaire générale du Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP). Par la suite, chaque élève devra s’équiper par ses propres moyens.»

Les autorités scolaires vaudoises vont dans le même sens, indiquant que «les élèves se verront remettre deux masques journaliers pendant les premières semaines de cours et d’examens, mais ils devront s’équiper avec leurs propres masques dès le 6 septembre».

Les familles en situation de précarité pourront néanmoins faire une demande d’aide financière. Egalement concernés par l’obligation, les établissements privés genevois devront en revanche prendre à leur charge l’équipement de leurs élèves. Quid de l’école primaire et du cycle d’orientation? «Les nouveaux plans de protection sont en cours de mise à jour et seront disponibles la semaine précédant la rentrée scolaire prévue le 24 août», répond Guylaine Antille.

Les syndicats valaisans satisfaits

En Valais, la rentrée est prévue une semaine plus tôt. Les Valaisans retrouveront les bancs d’école le 17 août. Une bonne nouvelle, estime Olivier Solioz, président de la Société pédagogique valaisanne (SPVal). «La reprise est importante pour le lien social entre les élèves mais aussi avec l’école. Elle permet de retrouver un rythme dans la vie de l’élève, qui marque un retour, plus ou moins, à la normale.»

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S’il aurait préféré vivre une rentrée qui ne soit pas marquée par le coronavirus et toutes les mesures qui en découlent, Olivier Solioz estime que, dans les conditions actuelles, les décisions prises par le canton sont logiques. La SPVal, les associations des enseignants des différents degrés et les directeurs des établissements scolaires ont d’ailleurs participé à une séance, ce mercredi, pour évoquer ces mesures. «Nous avons été écoutés et entendus, se réjouit Olivier Solioz. La majorité des remarques que nous avons soulevées ont été prises en compte.»

«Economies de bouts de chandelles»

A Genève, en revanche, les partenaires sociaux n’ont pas été consultés. «L’épisode est malheureusement représentatif de la gestion de la crise par les autorités qui s’est faite sans concertations ni explications. Au point que les décisions nous parviennent par la presse», déplore Waël Almoman, membre du bureau de l’Union du corps enseignant secondaire genevois. Quant au coût du masque à la charge des élèves, il déplore des «économies de bouts de chandelles» qui engendreront un surplus de travail administratif.

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Au-delà de l’aspect sanitaire, le syndicaliste se dit très inquiet des conditions de cette rentrée inédite. «Il y aura un gros travail de rattrapage à faire avec les élèves qui ont décroché en fin d’année, prévient Waël Almoman. Alors que de nombreuses réallocations de postes ont eu lieu au primaire, les établissements du secondaire vont se retrouver en sous-effectifs. Il sera très difficile d’organiser des cours d’appui alors que c’est l’année où les élèves en ont le plus besoin.»