Combats d'affiches(12/24). Les campagnes corrosives de James Schwarzenbach
Deux initiatives contre la «surpopulation» étrangère ont été rejetées, en 1970 et en 1974.
James Schwarzenbach: son nom colle aux initiatives xénophobes «contre l'emprise étrangère» rejetées par le peuple suisse, en juin 1970 et en octobre 1974.
Issu d'une famille de la haute bourgeoisie de Zurich, l'homme est élu au Conseil national en 1967, comme seul membre de l'Action nationale, l'ancêtre des Démocrates suisses. Il dépose sa première initiative le 20 mai 1969, dans un climat de surexpansion économique qui avait nécessité un recours croissant à la main-d'œuvre étrangère.
Entre 1960 et 1964, le nombre de travailleurs immigrés passe de 500000 à 800000. Dans son texte, James Schwarzenbach demande entre autres que le «Conseil fédéral veille à ce que dans chaque canton, Genève excepté, le nombre des étrangers ne soit pas supérieur à 10% des citoyens suisses dénombrés lors du dernier recensement. Pour le canton de Genève, la proportion admise est de 25%.»
Trois décrets promulgués entre 1970 et 1973
L'initiative, qui prit le relais d'une première initiative contre l'emprise étrangère retirée quelques mois plus tôt, donna lieu à une campagne d'une violence inhabituelle. Tous les partis, associations patronales et syndicats se liguèrent contre le projet de Schwarzenbach, le Conseil fédéral en tête. Avec des affiches, ponctuées parfois de petits drapeaux de pays européens, qui insistent sur l'importance des travailleurs étrangers. Mais le 7 juin 1970, elle ne fut rejetée que par 54% des votants. Un score serré qui poussa le Conseil fédéral à intensifier sa politique de stabilisation pour faire face aux inquiétudes suscitées par la venue massive de main-d'œuvre étrangère. Il promulgua ainsi trois décrets entre 1970 et 1973. Pour s'engager notamment à maintenir le niveau de 1969 (603000 étrangers).
Les opposants
partent en rangs dispersés
La pression de la droite nationaliste ne faiblit pas pour autant. Le 3 novembre 1972, l'Action nationale déposa une nouvelle initiative malgré la résistance de James Schwarzenbach qui prit ses distances avec le groupe une année plus tôt pour créer le Mouvement républicain. Le texte demandait de réduire l'effectif d'étrangers de 1 million à 500000 en trois ans. Nouvelle campagne violente, avec des affiches très explicites. Cette fois les opposants multiplièrent les comités et partirent en rangs dispersés pour appeler à la lutte contre la xénophobie.
James Schwarzenbach lança une autre initiative en parallèle, pour exiger un quota d'étrangers ne dépassant pas les 12,5%; 66% des votants la repoussèrent le 20 octobre 1974. Trois jours plus tard, l'Action nationale lança une cinquième initiative contre l'emprise étrangère, rejetée en 1977.