Aussi, seuls 17% des jeunes déclarent faire confiance aux journalistes. Les canaux d’information principaux restent l’école et les parents. Les médias ont ainsi atterri à la dernière des 13 places, juste derrière les dirigeants du monde économique.
Les médias classiques tels que les journaux ont nettement perdu en importance en comparaison avec l’année 2016. Un déplacement des médias classiques vers les nouveaux médias, tels que Twitter, Facebook ou Instagram, n’est toutefois pas facile à observer. Au contraire: Facebook a connu une perte d’importance aussi élevée que les médias classiques.
Les «fake news» affaiblissent les médias
Selon Easyvote, deux interprétations de ces faibles valeurs s’imposent. La première est l’évolution rapide du paysage médiatique au cours des dernières années. La suprématie de quelques médias dominants au sens traditionnel est de plus en plus sapée par différents canaux d’information basés sur internet, comme Facebook ou Twitter. D’autre part, la lutte pour la présidence américaine en 2016 a brisé toutes les conventions politiques possibles, mais a aussi radicalement remis en question le rôle et l’importance des médias. Les termes fake news ont franchi l’Atlantique pour s’instaurer dans le vocabulaire de la population suisse.
Adapter son langage
«Pour capter leur attention, c’est aux médias de s’adapter aux langages des jeunes, déclare Barry Lopez. En tournant des émissions sur des smartphones, qui sont disponibles sur les réseaux sociaux par exemple. Les médias peuvent tout à fait traiter l’information avec différentes approches, pour satisfaire tous leurs publics. Oui, les jeunes n’ont plus l’habitude de payer l’information, mais ils ont bien des abonnements Netflix ou Spotify, ils sont prêts à débourser si quelque chose correspond à leurs attentes.»
Jeudi à Berne, une petite centaine de participants assistaient à la conférence d’Easyvote consacrée à la confiance que la jeune génération accorde aux médias, à la façon dont sont formées les opinions et leurs effets sur la participation politique. Sur place, la jeune Simone, 20 ans, admettait que ses applications favorites se résumaient à Instagram, Snapchat, Spotify et Netflix. Qu’elle lisait de temps à autre un 20 minutes, mais qu’elle ne s’informait ni par la radio, ni par la télévision.
«S’informer sur YouTube, c’est merveilleux»
Invitée au débat, Laura Zimmermann, coprésidente du mouvement Opération Libero, esquissait un élément de solution. «On a faussement pensé que les campagnes menées sur l’émotion touchaient les jeunes. Je pense au contraire que ça les agace, et qu’ils préfèrent des renseignements pointus et neutres.» La Bernoise de 26 ans regrettait également que l’on problématise systématiquement le comportement des jeunes. «S’informer sur YouTube, c’est merveilleux. Il me semble que les opportunités sont aujourd’hui énormes pour le paysage médiatique qui ne demande qu’à se réinventer».
Daniel Binswanger, journaliste au site d’information alémanique Republik, pense que l’erreur vient des groupes de presse qui détruisent la confiance du public en général, et pas seulement des jeunes. «Le système médiatique a détruit sa propre crédibilité en licenciant à tour de bras ses collaborateurs, en dévalorisant l’offre et la compétence.» La solution pour lui est d’éduquer les jeunes à différencier les sources journalistiques fiables ou non et de leur enseigner à garder une distance critique nécessaire par rapport aux médias.