Face à une triple votation très technique dans son contenu, le président du gouvernement Jean-René Fournier n'a pas fait mystère que la position des élus était délicate: «Dans une période où l'on prône une baisse des impôts, les nouvelles taxes peuvent apparaître comme une forme déguisée d'impôts nouveaux.» Mais, selon lui, ces taxes-ci relèvent de la cohésion nationale, de la solidarité fédérale avec les régions alpines: «Nous n'avons pas le choix, si nous voulons soutenir notre énergie hydroélectrique. L'effort consenti est largement compensé.»
Pour Simon Epiney, «ce n'est pas par goût d'autoflagellation que nous défendons ces taxes. On sait que la population valaisanne dépend pour sa mobilité des véhicules privés.» Mais c'est un moindre mal dans la perspective de la libéralisation des marchés. «Sans mesure d'accompagnement, le secteur court de grands risques d'OPA, notamment du côté de la France. Nous ne défendons pas des privilèges, mais une valeur, notre patrimoine.»
Selon les calculs du Département de l'énergie de Thomas Burgener, avec la taxe de 0,3 ct./kWh, qui pourrait entrer en vigueur en avril 2001, il en coûterait environ 100 francs supplémentaires par ménage et par année, et environ 20 millions pour l'ensemble du canton. En retour, 40 millions au moins reviendraient dans le canton (pour les INA, pour encourager les énergies renouvelables, ou l'assainissement des bâtiments), soit au minimum un boni de 20 millions sur au moins quinze ans.
S'ils sont convaincus du bien-fondé des taxes, les élus demeurent perplexes quant à l'issue d'une campagne durant laquelle ils devront beaucoup expliquer, peut-être même trop, pour convaincre. Car, en face, les opposants (Vorort & Co) n'ont pas besoin d'arguments complexes. Toucher de près ou de loin au transport privé en Valais, même pour quelques centimes le litre d'essence, suffit déjà à provoquer un rejet prévisible.
L'affectation des recettes des taxes n'est pas non plus très claire. Qui seront les bénéficiaires? Tout un chacun, l'Etat, les grandes sociétés? Ces questions risquent fort, comme le regrette le conseiller national Stéphane Rossini, de masquer le débat fondamental autour des énergies renouvelables et non renouvelables.
Enfin, sur un plan politique, l'UDC devrait profiter de cette votation pour se démarquer des autres partis. Il faut encore voir si le PDC va soutenir ses élus dans un combat à l'issue très incertaine. On sent par ailleurs le parti radical déjà bien en retrait. Ce qui est sûr, c'est que les partis bourgeois valaisans n'engageront pas leur âme pour défendre ce qui sera perçu comme un surplus fiscal. Quant au contribuable, mis déjà devant le fait accompli de devoir avancer 150 millions supplémentaires pour les Forces motrices valaisannes, il doit se demander jusqu'à quand il devra payer pour sauver le patrimoine hydroélectrique valaisan…