Faune
Le loup n'en finit pas d'agiter la Berne fédérale. Mardi, le Conseil des Etats a refusé de donner plus de poids à la protection de la faune dans la loi sur la chasse, malgré les menaces de référendum

Le loup pourrait être plus facilement abattu. Le Conseil des Etats a refusé mardi de donner plus de poids à la protection de la faune dans la loi sur la chasse, malgré les menaces de référendum. Il décide désormais jusqu’où la régulation des espèces peut aller.
Depuis sa réapparition en Suisse en 1995, puis la formation des premières meutes en 2012, le loup agite la Berne fédérale depuis des années. La législation le protégeant a déjà été adaptée.
Mais le Parlement n’a eu de cesse de faire pression pour durcir le ton. On a l’impression que la Suisse n’a quasiment plus qu’un problème: le loup, a commenté la ministre de l’environnement Doris Leuthard.
Le Conseil fédéral a d’ores et déjà annoncé qu’il allait demander la déclassification de loup de «strictement protégé» à «protégé» dans le cadre de la Convention de Berne. Cette procédure devrait être menée devant le Conseil de l’Europe.
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Régulations
Parallèlement, le gouvernement a remis au Parlement une révision de la loi sur la chasse. Sans remettre en cause le statut du loup, celle-ci vise à ce que les espèces protégées soient plus facilement régulées si elles représentent un risque de dégâts ou de danger concret pour l’homme.
La loi fait explicitement état de régulations et non plus seulement du tir d’animaux isolés. Les cantons ne seront plus obligés de prouver un dommage concret. Moyennant une consultation de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), ils pourront prendre les devants.
La révision de loi devrait aussi permettre d’abattre des ours solitaires qui ont perdu leur crainte naturelle et qui pénètrent de manière répétée dans les villages à la recherche de nourriture, malgré des mesures de dissuasion.
Une partie de la droite ne se satisfait pas du concept présenté par le Conseil fédéral et renforcé en commission préparatoire. Elle propose entre autres d’empêcher les recours contre les décisions cantonales portant sur les espèces pouvant être chassées.
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Référendum en vue
Pour les associations de défense de l’environnement et de protection des animaux, la coupe est pleine. Elles promettent déjà un référendum contre une projet qualifié de «loi d’abattage».
Le camp rose-vert a repris ces critiques et demandé que le Conseil fédéral revoie sa copie. Ce projet n’est pas équilibré et va déchaîner les passions, a critiqué Robert Cramer (Verts/GE). Il fallait prendre des mesures pour faire face au retour du loup, mais on en a profité pour revoir de fond en comble la législation. Il est désormais aussi question des lynx et de castors.
On veut aussi pouvoir réguler les effectifs de prédateurs pour assurer aux chasseurs assez de gibiers. Mais il y a 100’000 chevreuils, 30’000 cerfs et 95’000 chamois contre 45 loups, un ou deux ours et 200 lynx, a critiqué le représentant d’un canton où la chasse est interdite.
Et de rappeler que les autorités sont tenues de protéger les espèces menacées et d’assurer la diversité de la faune. Or aucune mesure de compensation en ce sens n’est prévue par cette révision de loi, a ajouté Didier Berberat (PS/NE).
Fédéralisme nécessaire
En vain. La proposition de renvoi a été repoussée par 29 voix contre 14. Ce ne sera pas le «Far West», a assuré Werner Hösli (UDC/GL). Mais il faut laisser une marge de manoeuvre aux cantons car la situation varie fortement de l’un à l’autre.
Il s’agit de régler une cohabitation avec les animaux toujours plus difficile dans un territoire si petit. Enjeux: la viabilité économique de l’espace alpin mais aussi la protection des forêts ou la lutte contre les épizooties. Les instances cantonales qui trancheront ont toutes les compétences nécessaires, ont affirmé plusieurs orateurs.
Si on ne prend pas de mesures de régulation, les effectifs de loups risquent d’augmenter massivement au point de devenir incontrôlables, comme en France, a ajouté Beat Rieder (PDC/VS). Selon lui, Ysengrin n’est pas menacé en Europe et son statut de protection exagéré.
Tout en soutenant le projet, Werner Luginbühl (PBD/BE) a appelé la droite et les représentants des cantons alpins à ne pas pousser le bouchon trop loin. Notamment concernant les conditions posées pour permettre des mesures de régulation (plus d’obligation de mesures de protection, pas de nécessité de dégâts «considérables»).