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Le Conseil fédéral adopte un plan d’action pour réduire les pesticides

Cinquante mesures visant à décourager l’utilisation des pesticides dans les cultures ont été mises en avant. Un premier bilan est prévu dans six ans. Si l’initiative est saluée, elle reste «insuffisante» aux yeux des écologistes

Un tracteur circule dans un champ à Lausanne, le 22 août 2017 (photo d'illustration) — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Un tracteur circule dans un champ à Lausanne, le 22 août 2017 (photo d'illustration) — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Les paysans devront utiliser moins de pesticides dans les cultures: le Conseil fédéral a adopté ce mercredi un plan d’action proposant 50 mesures pour atteindre ce but. L’Union suisse des paysans soutient la démarche.

Le plan d’action vise à réduire de 30% par rapport à la période 2012-2015 l’utilisation des produits phytosanitaires d’ici à 2017 et de 25% les émissions de pesticides. Les produits composés de molécules qui se dégradent lentement dans le sol devront être utilisés «avec parcimonie».

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Ce plan d’action permettra à l’agriculture suisse de devenir plus durable en réduisant de moitié les risques pour l’environnement et les utilisateurs, estime le Conseil fédéral. Face aux problèmes environnementaux posés par l’utilisation de ces produits, la Suisse veut lancer une nouvelle approche, notamment basée sur le principe de précaution, a précisé devant les médias Bernard Lehmann, directeur de l’Office fédéral de l’agriculture. Une interdiction en Suisse du controversé glyphosate n’est cependant pas à l’ordre du jour.

Un accès restreint

Dès 2022, l’accès aux pesticides sera restreint pour les jardiniers du dimanche. Les professionnels bénéficieront de formations afin d’utiliser de manière plus efficace et adéquate ces produits chimiques. Les permis délivrés pour les utiliser seront valides cinq ans, renouvelables après une nouvelle formation (contre des permis valables ad vitam aeternam actuellement).

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Le plan d’action prévoit d’utiliser des machines pour arracher les mauvaises herbes, des prescriptions plus sévères pour réduire l’écoulement des pesticides et herbicides dans les rivières ou de favoriser des techniques alternatives à travers les paiements directs.Des dispositions déjà appliquées, comme la sélection de variétés de plantes résistantes aux maladies, en font également partie. La Suisse compte également reprendre la pratique européenne concernant l’utilisation des pesticides pour mieux protéger les cours d’eau.

Pas davantage d’argent

Le plan d’action ne sera pas doté d’un budget propre. Pour inciter les paysans à modifier leurs comportements, la pondération des moyens financiers va changer dans la prochaine politique agricole 2018-2021, a ajouté Bernard Lehmann.

En consultation, le projet a suscité le mécontentement de l’industrie des produits phytosanitaires et des organisations écologistes. La première juge que ce plan ne repose sur aucune base scientifique. Les secondes estiment les mesures trop timorées: l’utilisation de ces produits devrait être réduite de moitié au moins. Le think-tank écologiste Vision Landwirtschaft souligne dans un communiqué sa crainte de voir ces mesures, jugées par ailleurs «insuffisantes», devenir «un tigre de papier».

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Pour le Conseil fédéral, il n’est pas possible de renoncer totalement aux pesticides et autres herbicides: ils permettent de produire plus de fruits et légumes, et plus beaux. Les consommateurs peuvent participer à l’effort en se montrant plus tolérants quant à l’esthétique des produits et en achetant des fruits et du vin de cépages plus résistants.

Un premier bilan dans six ans

Un rapport intermédiaire devrait être rédigé dans six ans afin de voir les progrès accomplis et déterminer si des adaptations sont nécessaires. L’évolution des connaissances sera prise en compte.

Le plan d’action a été préparé en collaboration avec l’Office fédéral de l’environnement, celui de la sécurité alimentaire, le Secrétariat d’Etat à l’économie, l’institut Agroscope et les milieux directement concernés. Ce «plan d’action visant à la réduction des risques et à l’utilisation durable des produits phytosanitaires» fait suite à un postulat vert’libéral déposé en 2012.