Trois mois de fermeture en moins d’un an. Et la réouverture des restaurants, bars et cafés n’est pas pour demain, tant il paraît vraisemblable que le Conseil fédéral va prolonger l’interdiction d’exploiter actuelle, en vigueur jusqu’au 22 janvier.

La colère des restaurateurs est compréhensible, car cette situation n’est pas tenable pour eux. Elle causera d’importants dommages sociaux. Ils seront nombreux à ne pas pouvoir se relever. Il va falloir trouver une solution autre que les aides prévues pour ce qu’on appelle les «cas de rigueur».

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Au début étaient considérées comme «cas de rigueur» les activités qui étaient passées entre les mailles des filets d’aide tendus au printemps. Cela concernait les forains, l’événementiel ou encore la branche du voyage. Lorsque a déferlé la deuxième vague, on a ajouté l’hôtellerie-restauration à la liste, cela dans le cadre d’un dispositif complexe qui exige une coordination entre les cantons et la Confédération. Sans surprise, dans plusieurs cantons, les aides tardent à parvenir à leurs destinataires, serrés à la gorge. Ce dispositif montre une fois de plus les limites du fédéralisme dans les situations critiques.

Dans l’interview qu’il a accordée au Temps à fin décembre, le ministre de l’Economie et président de la Confédération Guy Parmelin a certes déclaré qu’il fallait «éviter qu’une branche entière ne disparaisse». Mais il manifeste peu d’empressement à proposer des solutions ciblées sur celles qui sont particulièrement affectées.

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Il relève que «tout cycle économique implique des transformations sectorielles» et s’expose ainsi aux mêmes critiques que celles qu’il a récoltées au printemps, lorsqu’il a déclaré que les mesures de soutien ne devaient pas être un «oreiller de paresse». De telles déclarations ne peuvent que susciter l’incompréhension des commerçants et restaurateurs à qui l’on a interdit de travailler.

Le Conseil fédéral doit assumer ses responsabilités. Il ne peut se réfugier derrière le fait qu’on n’est plus en «situation extraordinaire» et refiler la patate chaude aux cantons. Le 18 décembre, c’est lui qui a décidé de fermer les restaurants. Ce mercredi, c’est lui qui décidera probablement de prolonger ce verrouillage commercial. Il lui appartient de proposer à celles et ceux qui en font les frais une indemnisation correcte et rapide.